Islande #5 – Hier, on a franchi le cercle polaire.

Chers tous,

C’est une sensation toujours étrange d’entrer dans un « nouveau monde ».

Aujourd’hui, nous avons traversé le cercle polaire. Nous avons posé notre regard sur l’océan glacial arctique et nos pieds sur un petit bout de territoire islandais au-delà du cercle.

Et croyez moi, ça n’a pas été chose facile.

Nous avons roulé une petite demie-heure en direction de Dalvik, au Nord d’Akureyri.

DSCF2160Puis nous avons attrapé le ferry Samskip qui fait la navette 3 fois par semaine vers la petite île de Grimsey, seul territoire islandais à cheval sur le cercle polaire. On est une cinquantaine de personnes à bord et personne ne se doute alors de l’Apocalypse vers laquelle nous nous dirigeons. Il y a 3h de traversée pour parcourir les 40km qui séparent l’île de l’Islande. Je ne suis pas sujette au mal de mer et Guy, en tant que breton, ne devrait pas l’être non plus. Pourtant, à peine sortis du fjord, nous entrons en pleine mer et le festival démarre. Des gens commencent à changer de couleur discrètement, mais sûrement. Je commence à avoir la tête à l’envers mais rien de bien méchant. Un membre de l’équipage distribue par brassée des petits sachets en papiers avec un large sourire. Je les refuse également avec un large sourire mais… Au bout de 45min, j’abandonne mari et enfant pour aller me réfugier au grand air, près d’une rambarde « au cas où ». Je me sens mieux par micro-moments et je rentre de temps en temps voir si tout le monde va bien. Je découvre un Guy complètement prostré, blanc, muet et tout crispé. Louise a compris qu’on était des parents en carton et ne dit rien, tranquillement affalée dans son siège. Les deux petites françaises qui voyagent avec nous, Johanna et Mathilde, me rassurent en me disant « elle va bien, ne vous en faites pas, on la surveille et on peut s’en occuper si vous voulez ». Je n’ai pas eu le temps d’entendre la fin de la phrase, je suis allée m’installer sur un banc dehors. Une fille a tenu la rambarde pendant toute la traversée et vomit régulièrement. Un petit garçon se précipite, veut vomir par dessus la balustrade, mais celle-ci arrive pile à la hauteur de sa bouche. Je vous laisse imaginer le désastre. Une autre me vomit quasiment sur les chaussures. Je remonte ma capuche et m’enferme dans mon manteau. Le cauchemar ! Je redescends dans la cabine, histoire de checker Louise (puisque Guy est aux abonnés absents), qui s’installe PILE sur mon estomac en remuant toutes les 5 min. Heureusement, la terre est en vue. Guy reprend des couleurs et m’annonce qu’il veut s’installer définitivement sur Grimsey. Histoire de ne pas avoir à reprendre le ferry. Heureusement que Louise a le pied marin.

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On avait prévu des sandwichs pour manger ce midi, mais je suis frigorifiée (j’ai passé les 3/4 de la traversée en plein vent/ pluie) et Guy a besoin de manger chaud. On s’arrête au petit restaurant du seul village de Grimsey, manger une soupe délicieuse au chou-fleur (comme ça, ça n’a pas l’air alléchant mais il va falloir me croire sur parole, elle était exquise).

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Grimsey, c’est donc une micro île de 5,3km2, peuplée tout au plus de 100 habitants, quelques moutons et des milliers d’oiseaux. On y vient pour traverser le cercle polaire évidemment, mais aussi pour observer de façon plus intimiste les dodus macareux, chers au coeur de Louise. On se met en route, tout excités de traverser le cercle polaire.

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Un petit panneau indique la route (en même temps, comme il n’y a qu’une seule route sur l’île…), on avance tranquillement. Louise s’arrête, subjuguée par… 

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…un tracto-pelle jaune.

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Après le petit aérodrome, à 10 min à pied de l’embarcadère, se trouve le petit monument matérialisant la ligne. Et comme on l’applaudit alors qu’elle passe dans « le nouveau monde », Louise lève les bras, toute fière d’elle. On se pose à côté puis on se dit « Waouh. On est là ».

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L’après midi est consacrée à la découverte de l’île. On décide d’aller tout au Nord de l’île, pour s’enfoncer en territoire arctique (sic). 2h de randonnée le long des falaises nous permettent d’approcher des fameux macareux. Les allers retours incessants de nombreux oiseaux est comme un ballet magique que l’on ne se lasse pas de regarder. Certains macareux reviennent le bec plein de petits alvins, pour nourrir leur progéniture. Et tout autour de nous, des cris de mouettes et surtout de sternes arctiques qui se fendent de quelques piquets un peu menaçant au-dessus de nos têtes pour protéger leurs œufs. Un petit brouillard se lève et une atmosphère toute mystérieuse s’installe.

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On est littéralement enrobés de bruits dont on identifie pas forcément la provenance. C’est très agréable à vrai dire. On chemine jusqu’au bout et enfin, on l’attend. Le bout du monde. Et qu’y trouve t-on ? Un groupe de 3 moutons. On est morts de rire, il y en a partout ici. Pendant que je m’affale par terre, fesses en l’air pour faire les réglages à l’aveuglette sur mon appareil photo, les moutons se rapprochent. Dès que je me retourne, ils se figent. Je me détourne, ils avancent, je les regarde, ils se figent. Voilà, je peux dire que j’ai joué à 1,2,3 soleil en territoire arctique avec des moutons. Incroyable non ?

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Alors que le ferry de retour est en vue, on commence à avoir des nœuds à l’estomac. S’il faut faire 3h comme à l’aller, on va passer l’arme à gauche. Je demande à la jeune femme qui vérifie les tickets si elle a des seasickness pills. Elle me dit que ça devrait aller au retour. ET effectivement, c’est le jour et la nuit. On a les vagues dans le dos, on passe donc 3h très agréables à discuter avec Johanna et Mathilde tout en regardant l’âge de glace. Et on est pliés de rire tous les 4 quand on repense au voyage aller de Guy, tout prostré.

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Le lendemain, comme on est un peu cinglés, on retente le bateau. Cette fois-ci on se dirige vers Husavik, capitale de l’observation des baleines. En préparant notre voyage, on a pas arrêté de dire à Louise qu’on irait voir des baleines. Alors même si le temps est couvert et qu’on a peur d’être malades… chose promise, chose due. Bonne surprise, dès la vente de ticket on nous propose un petit quelque chose contre le mal de mer. Qu’on s’empresse d’avaler goulument. On nous équipe tous de chaudes combinaisons noires et d’un énorme ciré anti-pluie orange (fourni par LA marque islandaise, 66° North). Il n’ont que du 1m30 en taille pour Louise, alors on lui enfile une combinaison démesurément grande mais au moins, on est sûrs qu’elle ne va pas avoir froid. Et c’est parti.

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Halte au suspense : aucun de nous 3 n’a été malade. Même pas l’ombre d’un semblant de nausée. Même pas alors que cette pauvre ado française vomissait tripes et boyaux et ce durant les 3h de l’excursion. Nous sommes passés par l’agence Gentle Giants, qui propose, comme les 2 ou 3 autres agences, des sorties observations de baleines garanties à 99 % pendant 3h. Ce n’est pas donné, mais pas inabordable non plus. Et des baleines, on en a vu. 5 ou 6 (peut-être était-ce la même ceci dit) sur les 2h effectives que nous avons passé au large d’Husavik. Nous avons pu voir des baleines à bosse, qui signalaient en quelque sorte leur remontée en soufflant par leur évent.

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Le bateau bifurquait alors légèrement, puis coupait les moteurs pour qu’on puisse avoir le temps de les voir. Un petit geyser et hop, la tête puis le dos qui apparaissent avant la replongée et donc la vue sur la queue de la baleine. C’est très impressionnant et assez émouvant de pouvoir approcher de si gros animaux. On est tous très troublés et touchés par tant de beauté. Louise est ravie. Elle a pu voir de très près deux baleines et est restée scotchée (yeux écarquillés, bouche grande ouverte puis en mode moulin à parole juste après). Dès que le capitaine annonce que l’on rentre au port, elle s’installe bien dans dans sa quintuple couche de vêtement (sans compter l’énorme gilet de sauvetage) et… s’endort au grand air.

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On quitte le nord pour se diriger tout doucement vers l’Ouest… Nous ne sommes pas sûrs d’avoir de connexion internet d’ici quelques jours, on vous dit à bientôt !

Céline, Guy & Louise

PS: Quelques réponses à vos commentaires !

@Ludmilla : Il faut absolument qu’Alice tente la piscine ici maintenant 😉

@Papy et Mamie : Vous allez voir, Louise parle couramment islandais, c’est fou comme elle progresse !

@Sébastien: figure toi que pour ce fameux tunnel, il y a des petits « refuges » pour se garer sur le côté et laisser passer la voiture qui arrive en face. Il doit y en avoir 3 tout au plus 😉

8 thoughts on “Islande #5 – Hier, on a franchi le cercle polaire.

  1. Vomito croisière bonjour ! ^ – ^ Une petite galette ?
    Votre voyage ramène un peu de fraiche ici ! Ça fait du bien de vous lire 😀
    Louise en a pleins les yeux c’est cool ! Surtout avec ce super tracto-pelle jaune haha !
    Des bisous !

  2. [ ] Ne pas avoir le mal de mer
    [X] Jouer à 1-2-3 soleil avec des moutons dans le cercle polaire

    3h de traversée pour l’île me paraît beaucoup. Vous avez dû soit vous lever très tôt, soit fait le tour de l’île en vitesse ou soit dormi sur place?

  3. Enfin, les baleines tant réclamées par Louise ! Et le cercle Arctique ! Vous m’avez fait pleurer… de rire !!! J’imagine Guy en Islandais habitant définitivement Grimsey… Belle petite ile que j’ai pu admirer dans un reportage sur la 5 samedi après-midi ! Eh oui, dès que j’entends « Islande » à la télé je me précipite sur le programme pour savoir quand cela passe et sur quelle chaîne 😀 J’adore vos photos et merci encore de partager ces moments avec nous. Bisous à vous 3.

  4. Bon, j’avoue, j’ai vraiment beaucoup beaucoup rigolé de votre aller vers Grimsey… tout ça pour que Louise soit ébahie devant un tractopelle jaune.. ca valait bien le coup !! lol
    En tout cas, les baleines, c’est quand même grandiose !!! j’ai hâte de pouvoir en voir aussi, c’est fascinant !
    Des bisous !

  5. Que d aventures nous attendons la suite avec impatience
    Cela donne envie de prendre l avion pour vous rejoindre
    Au moins une chose est sûre vous n’aurez pas de coups de soleil…….
    Biz

  6. ENORME!!!!!!!
    J’en ai encore les larmes aux yeux!!!! J’ai trop rigolé parce qu’on imagine très très bien la scène sur ce bateau… 😉

    Allez Louise, chante à ton Papa et ta Maman la petite chanson « Bateau sur l’eau… », je suis sûre qu’ils en seront ravis 😀

    Quant aux photos… Ca laisse rêveur…
    Bisous à tous les 3!

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