Chers tous,

Nous voici arrivés dans l’Est, aux portes de la péninsule de Snaefellsnes.

Nous avons profité de la route pour s’arrêter visiter une petite église recouverte d’herbe : la Vidimyrarkirkja; une petite église comme il n’y en a plus beaucoup en Islande (6) et qui est toujours en service.

Elle date du début du XVIIIe siècle et si la tourbe est changée régulièrement, l’intérieur est d’origine. C’est un petit trésor d’architecture où les jolis entrelacs de bois côtoient les objets rituels chrétiens. L’intérieur est d’une simplicité touchante et même si l’église est très petite, nous profitons de notre visite et passons un bon moment à l’intérieur à observer le bardage et tant l’architecture intérieure que l’agencement.

Le retable date du XVIe et les peintures de la chaire, qui ont mal supporté les années, du XVIIe. C’est un très joli petit bijou de bois. L’extérieur attise notre curiosité également, on profite de la proximité avec le bâtiment pour regarder de plus près la tourbe et voir comment celle-ci tient sur le toit (et se rendre compte que « c’est mou » pour citer Louise).

Une fois arrivés dans l’Est, comme à l’accoutumée, nous avons dégoté un petit logement loin de tout, au bout d’une petite piste caillouteuse en terre, qui mène dans le fond d’une vallée : Seljaland. Il faut passer devant des chevaux aux couleurs fantastiques et presque surnaturelles,

klaxonner les moutons qui traversent nonchalamment le chemin, passer devant quelques micro cascades, prendre un petit pont en bois qui enjambe une rivière, tourner à droite tout au bout de la route, faire le tour de la vallée et on y est. Seljaland, c’est le nom d’un lieu dit qui comprend… une ferme. Et 3 petites cabanes en bois pour recevoir des hôtes. Des lieu-dits comme il y en a beaucoup en Islande. On est accueillis par Niels qui nous montre notre cabane. Une cabane qui ne ferme pas à clé (parce que personne ne vient à Seljaland), avec un micro-ondes, un lit, un tapis et un gros chauffage. Bref, tout ce qu’il faut. Ce sera notre base-arrière pour visiter la région.

Dès le lendemain, on file faire le tour de la péninsule de Snaefellsnes. Cette péninsule n’est autre que celle qui a inspiré Jules Verne pour écrire Voyage au centre de la terre. Et à mesure que nous avançons, on comprend pourquoi. Les paysages sont une fois de plus grandioses et époustouflants. On avance en ligne droite, alternant pistes, fjords et point de vue monumentaux sur des coulées de lave pluriséculaires.

Le temps est couvert puis le ciel finit par se dévoiler. Et avec lui, notre objectif, le Snaefellsjokull. Cet imposant et colossal volcan qui joue un rôle de premier plan dans Voyage au centre de la Terre se situe à l’extrémité de la péninsule et semble couronner la région.

On fait un arrêt pique-nique au soleil après Helissandur et on profite de la pause pour visiter quelques cabanes de pêcheurs datant des XIIe/XIIIe siècles. Il y en a plus de 600, certaines sont plus ou moins bien conservées et d’autres encore ont été utilisées jusqu’au XXème siècle (le poisson y était séché puis stocké).

L’arrêt suivant est consacré à une petite ascension de volcan (le Saxholl) comme on en a jamais fait : avec des escaliers ! Ce qui fait évidemment plaisir (c’est un faible mot) à Louise qui joue à la grande et descend les escaliers « toute seule ».

Le cratère, d’une forme parfaite, offre des points de vue spectaculaires sur le volcan et ses glaciers ainsi que sur l’immensité chaotique du résultat des éruptions qui ont façonné la région pendant des siècles.

On continue le tour de la péninsule en tournant autour du volcan. Une plage de sable volcanique (Djupalonssandur), d’immenses rochers taillés par les vagues qui émergent des flots, une petite église à Hellnar, comme perdue dans l’immensité. La région est sublime et on regrette déjà de n’avoir qu’une journée pour la visiter. On jette un dernier coup d’oeil au volcan et je me dis… que je n’ai jamais lu Voyage au centre de la terre. Et qu’il serait peut-être temps.

En 1997 et 1998, les archéologues ont fait dans la région (pas loin de notre cabane), une découverte exceptionnelle : les restes d’une long house viking qui serait celle d’Eirik le Rouge. On file donc passer une petite matinée à la découverte de l’histoire de celui qui aurait découvert le Groenland. De la maison, il ne reste que les fondations en pierre (tout le reste, en tourbe, s’est désagrégé avec le temps). Le musée s’est chargé d’une reconstitution plutôt bien réussie.

On pénètre dans la maison, très sombre et illuminée uniquement grâce au foyer central. Une guide nous attend et pendant que je lui pose tout un tas de questions, Louise s’essaie au maniement de l’épée et joue avec les jouets du Xème siècle : des os, des mâchoires de moutons avec quelques dents et des cornes (le prochain Noël ne va pas nous revenir bien cher, je vous le dis). 20 à 25 personnes – esclaves inclus – vivaient dans cette maison qui se trouvait au centre de terres agricoles.

Eirick le rouge y aurait vécu et, après avoir été banni d’Islande (pour une série de meurtres), entre 982 et 986, aurait fait un long voyage qui l’aurait amené à découvrir le Groenland, où il s’est installé. Son fils, Leifur est quant à lui celui qui aurait posé le premier le pied en Terre de Baffin, en Terre Neuve et… au Vinland. C’est-à-dire sur le sol américain. Si les découvertes ont certainement eu lieu, peu d’archives attestent précisément de la découverte effective de ces territoires (quand, comment, quelle période…) et les voyages sont devenus légendaires. Mais les historiens travaillent toujours à l’élaboration de thèses. Tout cela est évidemment extrêmement fascinant et je sais d’ores et déjà que je vais me précipiter sur des livres pour approfondir tout cela dès que l’on sera rentrés.

L’après midi est consacrée à une petite randonnée dans la vallée de Seljaland. Rien n’est indiqué et cette vallée n’apparaît pas dans les guides. On suit un chemin qui nous mène au fond de la vallée en remontant la rivière. C’est paisible, beau, vert et on a même un fantastique oiseau au long bec qui nous suit en émettant à intervalles réguliers un petit piaillement. Les moutons voient tellement peu de passage dans le coin qu’ils détalent comme des lapins à la vue de notre arrivée. Et puis avec cet accord de bleus, on fait très étoffe des héros version schtroumpfs. Ca peut certainement impressionner.

Notre dernière journée, nous l’avons passée dans les environs de Stykkisholmur, dans la péninsule. Louise a réalisé sa première ascension en solo : le mont Helgafell, qui culmine au moins à 200m. Un exploit dont elle n’est pas peu fière !

Le Mont Helgafell, c’est une énorme colline qui était, avant la christianisation de l’Islande, un sanctuaire païen. A partir du XIIe siècle, le mont accueille en son sommet un petit monastère augustinien dont il ne reste également que les fondations. Celui-ci a été quasiment rasé au moment de la Réforme.

Le lieu bénéficie toujours d’une aura plutôt sacrée et il paraît que si l’on parvient à atteindre le sommet sans se retourner, sans parler, 3 vœux seront exaucés (à conditions de les dire vers l’Est). Bon, on a oublié la boussole. Et puis Louise a pas arrêté de blablater sur le chemin. Ce sera pour une autre fois ! De là-haut en tout cas, la vue à 360° est très jolie et nous occupe quelques instants.

Après le pique-nique, on se lance dans une promenade dans la très jolie petite ville de Stykki. Les petites maisons en bois sont toutes de couleurs différentes, le petit port a un charme fou et la vue depuis le phare sur les îles environnantes est très sympathique. Il règne ici une atmosphère de bout du monde qui n’est pas sans nous rappeler Puerto Natales…

Puis, direction le « Cochon Bonus » pour s’occuper du ravitaillement ! Le temps file à une vitesse dingue, il est déjà tard et nous avons 1h15 de route sur piste caillouteuse qui nous attend. Ce soir, on plie bagage et on se dirige vers les Fjords de l’Ouest. On avait adoré les fjords de l’Est alors on s’attend à grandement apprécier ceux de l’Ouest.

A très vite pour la suite !

Merci pour vos commentaires et on est ravis de vous faire rire de nos petits malheurs… 😉

Céline, Guy & Louise

PS : Quelques réponses à vos commentaires

@Sébastien : Il a fallu 3h Aller et 3h retour pour atteindre Grimsey. On est restés 4h sur place mais l’île est tellement petite qu’en 2h, on a fait tout le tour. Le ferry passe 3 fois par semaines seulement et l’hébergement est… rare disons !

@Charron : Oh oui, grosse erreur ! C’est corrigé, merci ! Il faut vraiment que j’arrête de te fréquenter, toi qui me raconte ta jeunesse et tes allers/retours île/continent 😉

@Wonder Tatie : Tu vois, pendant 3h, on s’est mis dans ta peau. La peau du vomito en transport:)

@Amandine : C’est ça… la nautamine ou le mercalm. Je ne sais pas pourquoi on y a pas pensé… !

@ Sabine et Hugues : Et vous la canicule, ça va ?:p

@Rné : j’espère que tu révises ton islandais…

@Fabienne : Mais… il n’y a que toi pour tomber sur un reportage sur Grimsey… !!

@Fred, Mel, Léa et Camille : Figurez-vous que pendant qu’on était au fond du gouffre, Guy me disait « si Louise nous demande de chanter bateau sur l’eau, je craque… »

PS2 : Notre prochaine acquisition pour le voyage… Vous êtes partants Noémie et Loïc ?