BERLIN #3 – Berliner Mauer

On a du mal à se mettre d’accord depuis 3 jours. Est-ce que Berlin est une belle ville ?

Bon. Elle est pas jolie, mais elle n’est pas moche non plus. Un peu comme Léa quoi.

Il y a des quartiers laids et sans âme, mais d’autres qui ont vraiment un petit je ne sais quoi très attrayant.

On a découvert un petit truc très sympa : le photoautomat. De veilles cabines photos bien vintage réhabilitées par quelques passionnés qui vous tirent le portrait en 4 temps et impriment en 5 min (pas moins) des photos argentiques. Un must ! Bon, on a été pris de court sur la première (Guy enlève son bonnet, Louise se demande ce que c’est que ce truc et moi j’essaie d’ajuster ma tête dans le cadre), on s’est rattrapés sur les suivantes. Ce sera un super souvenir.

On a consacré notre journée de samedi au Mur sous toutes ses coutures. On a commencé par aller voir l’East Side Gallery, le surnom donné au plus long morceau du Mur conservé, qui s’étire le long de la Spree au sud de la Karl-Marx Allee. C’est LE site à ne pas louper si on veut voir le Mur. C’est sur ce pan là que des dizaines et des dizaines d’artistes de 24 nationalités différentes ont exprimé leurs talents quelques temps après la chute. On constate que le Mur est en fait une œuvre vivante.

Des milliers de graffitis recouvrent les milliers d’autres qui ont été apposés sur le Mur depuis 27 ans. Certains espaces sont parfaitement préservés et d’autres sont des feuilles plus très vierges que chacun remplit à sa guise. On passe devant le célèbre Hans Conrad Schuman, devant le mythique baiser de Léonid et Erich, devant la Trabant qui pulvérise le Mur, les bonshommes de Thierry Noir (que nous avions déjà croisé dans les rues de Santiago du Chili) et des tas d’autres fresques.

Certaines angoissantes, certaines drôles, d’autres qui font des parallèles avec Guernica. Des centaines de messages d’espoir, de liberté, des mots pacifistes et fraternels. C’est très beau et surtout, très touchant. De l’Histoire brute.

A deux pas du Mur, côté Berlin-Est, s’étire une énorme allée nommée jusque 1961 Stalinallee et moquée par l’Ouest. Une sorte d’avenue gigantesque marquée par une architecture toute stalinienne dite « en pièce montée » (Zückerbäckerstil) avec colonnades, étagement par décrochement. Une perspective infinie, de grosses barres d’immeubles et du massif.

On se croirait dans certaines rues de Moscou. C’est imposant et pesant. Mais ça a du charme. D’ailleurs après la chute du Mur, les autorités ont décidé de conserver cette architecture et c’est aujourd’hui ce patrimoine architectural qui confère à l’allée tout son cachet (et ses prix au m²).

On termine la journée après avoir traversé tout Berlin à pied (il faut bien que l’individu dorme) au Berliner Mauer Memorial. Un Mémorial tout en longueur qui s’étire sur le tracé du mur le long de Bernauer Strasse et auquel on ne s’attendait pas. Des pans de mur entier sont encore présents et là où le mur a été totalement démantelé, se dressent des barres de fer rouillées de 4m de haut.

Tout le long du Mémorial, on peut lire des témoignages, voir des cartes qui détaillent le parcours du Mur et surtout entendre et voir des témoignages de familles divisées. Nous sommes émus par ces jeunes mariés à l’Ouest dont les parents, restés à l’Est, n’ont pu se déplacer à la cérémonie. La détresse de la jeune femme qui s’adresse à ses parents depuis la rue (à l’époque ou le mur n’était pas encore un énorme système pourvu d’un gigantesque No Man’s Land) est palpable et très émouvante.

On en apprend beaucoup sur les évasions après la construction du mur : des enfants jetés des fenêtres et attrapés dans de grandes couvertures par des pompiers de l’Ouest, une jeune maman enceinte de 9 mois qui fait également le grand saut (et accouchera 3 jours plus tard, mais à l’Ouest du coup), des tunnels, des passages par les toits, par les stations de métro. Des histoires heureuses et des morts aussi. Evidemment.

Dimanche sonne la fin de notre escapade. Nous avions réservé (tiens, voilà une chose que l’on ne fait jamais mais qu’on a pensé à faire pour une fois) un créneau pour une visite du Reichstag en ciblant particulièrement l’ingénieuse et audacieuse coupole de Norman Foster (qui a remporté le concours après la réunification en 1991 pour restaurer le bâtiment). A 8h45 tapante, nous battions le pavé dans les rues désertes de Berlin pour arriver au Parlement en temps et en heure. Présence de Louise (et de la poussette) oblige, nous avons eu le droit de passer par des petits portes secrètes et privées, avant tout le monde, pour nous rendre immédiatement au sommet du bâtiment.

La coupole elliptique en verre et acier est montée au dessus d’un puits d’air et de lumière qui abreuve directement la salle plénière (dont on devine les sièges bleus). On progresse le long d’une rampe circulaire qui monte jusqu’à la plateforme panoramique donnant une vue splendide sur une grande partie de Berlin. De quoi réviser tout notre parcours de la semaine. Au sommet, la coupole est ouverte en permanence aux quatre vents. La pluie et la neige sont récupérées dans le puits directement et redirigées où elles doivent l’être. Le jeu de miroir tout autour est suprenant et ne lasse pas de surprendre.

Un air de saxophone raisonne dans le Tiergaten tandis qu’un clown créé d’immenses bulles photogéniques.

On passe sous la porte de Brandebourg pour la dernière fois destination Bernauer Strasse, pour terminer ce que nous avions commencé la veille : finir de suivre le tracé du Mur jusqu’à Mauerpark. Quelques recherches rapides avant de partir m’ont permis de trouver l’angle exact des rues où le jeune soldat Hans Conrad Schuman, après des jours d’hésitation, a sauté par dessus « le mur », immortalisé par un photographe qui le guettait depuis un certain temps. L’angle de Bernauer et de Ruppiner.

Un peu plus loin, j’ai également retrouvé l’angle de la rue où Henri Cartier Bresson s’était posté pour immortaliser cette scène célèbre. Bernauer et Wolliner Strasse.

Et voilà un projet photo qui me tenait à coeur, bouclé : faire le tour de Berlin avec quelques images d’archive dans mon sac pour les replacer dans la ville d’aujourd’hui. Cela aura ponctué nos promenades dans Berlin et ajouté une note historique à notre escapade…

On termine notre journée à déambuler dans le fantastique Mauerpark, un dimanche de puces.

On patauge dans la gadoue avec tout le monde en regardant l’étalage des bricoles à vendre, puis on file se remplir la panse allègrement d’un ultime curry würst et de burgers. On ne pensait pas qu’un si petit corps serait capable d’avaler une saucisse entière. Adieu l’équilibre alimentaire !

Quelques frites, deux babybels et deux compotes plus tard, l’individu est repu et s’endort avant d’avoir eu le temps de sortir de la rue, dans sa poussette pour 2h de sieste. On en profite pour faire le tour du Prenzlauer Berg, un quartier bourgeois bohème chic tout calme et agrémenté de petits restos, de parcs pour les enfants, de petites boutiques et de cafés en tout genre.

De vieilles brasseries centenaires, des églises, des graffitis partout et la mémoire Juive inscrite dans les pavés. Celle-ci est toujours vivante, vivace comme en témoigne ces papiers écrits à la main et glissés sous les pierres du Mémorial.

La boucle est bouclée.

Il faudra revenir, 5 jours ne nous ont pas suffi à voir tout ce que l’on souhaitait…

A très vite pour de nouvelles aventures,

C, G & L

Quelques réponses aux commentaires…

@MH, merci pour tes conseils judicieux 🙂 Nefertiti est donc désormais privée…! Et Louise est fan d’Ampelman !

@Sabine et Hugues : N’hésitez plus, vous allez A-DO-RER. C’est vraiment une ville géniale !

@ Ludmilla : petit clin d’oeil dans ce post pour toi… 😉

@ Noémie : Oui on essaie de faire en sorte que ce ne soit pas un voyage que pour nous, mais pour elle aussi. Et ça à l’air de fonctionner ! Merci pour tes compliments, c’était un projet photo qui me tenait à coeur… 🙂

@Maman : il va falloir mettre Louise au régime légumes cette semaine 😉

One thought on “BERLIN #3 – Berliner Mauer

  1. Oui ! Vos photos renvoient l’image d’une ville très séduisante et qui se laisse découvrir petit à petit, au fil des jours et de vos promenades. Donc , oui, c’est une belle ville que j’aimerai beaucoup visiter un jour. Merci pour ces belles photos mises en parallèle avec des documents historiques ! Vous êtes beau tous les trois dans le « photoautomat » ! Bises et bon retour !

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