J’ai longtemps hésité avant de poster ce message. Et en même temps je ne peux pas faire comme si de rien n’était.

C’est une chose à laquelle on pense en partant mais on se dit qu’on aura le temps. Et puis on se dit qu’on part que pour quelques années. Et puis d’un coup d’un seul, sans crier gare, le monde bascule. Des défaillances, des analyses et le diagnostique tombe. Et moi, nous, on est a des milliers de kilomètres, impuissants, séparés de l’être cher. Cet être qu’on souhaiterait tant serrer une dernière fois dans ses bras. Par pudeur, je n’en dirai guère plus sur cette femme remarquable qu’est ma grand-mère paternelle. Je n’en dirai pas plus sur les moments difficiles que nous vivons tous. Ici, en France, en Polynésie. Elle nous a promis de veiller sur nous depuis là haut. 

C’est une chose à laquelle on ne pense pas en partant. Et puis ça arrive, d’un coup d’un seul. Et l’expatriation semble, pendant un temps, se transformer en lourd fardeau. La distance, le décalage horaire, l’argent, la solitude. Tout pèse. La technique heureusement nous permet de nous voir. Une dernière fois. Et de se dire combien on s’est aimé, combien on s’aime et combien on s’aimera.

Cela fait aussi partie de l’expatriation. On fait le choix de partir et on laisse des gens derrière nous. L’accident, la maladie ne sont guère prévisibles. Déjà chamboulés par de multiples questions à notre arrivée, peu stables encore, on s’interroge désormais sur notre départ et sur la raison de notre vie ici. Je vous passe tout le chapitre sur la culpabilité. De ne pas être la bas, auprès d’elle. Et auprès des miens. D’être ici. On a pas encore de réseau d’amis ici (un couple d’ami seulement) pas de famille. Peu de personnes vers qui se tourner dans ces moments ô combien difficiles. On est seuls et on se sent seuls. Repli sur soi, fuite en avant, continuation de la vie entamée ici. C’est une épreuve. Mais même avec le manque, la vie continue c’est sur. Partagée entre le bonheur d’avoir pu dire au revoir et l’immense tristesse de l’absence abstraite.

Chers tous. La semaine a été éprouvante, les questionnements nombreux. 

Nous avons fait une pause dans nos promenades cette semaine.

Je fais donc une pause sur ce blog et je vous dis à dimanche prochain pour la suite des aventures.

Parce que c’est ce que Mamie voudrait aussi.

Et ce soir, pour communier avec elle, avec nos racines, avec La Réunion, c’est rougail saucisse. Indubitablement le meilleur rougail saucisse qu’East Terra Linda ait jamais connu.

C, G & L