Lost in translation

Chers tous,

Avec un peu de retard, voici les nouvelles après un week-end bien chargé !
Guy a profité de la semaine qui s’est écoulée pour se casser la figure deux fois : une à vélo et l’autre en course à pied et en lampe torche. C’est un Guy tout cassé et en pansement qui a donc affronté la semaine chez Décathlon. Du personnel commence à être gentiment remercié (à l’américaine, sans préavis et dans la demie heure) tandis que quelques tâches plus importantes lui sont confiées. On espère qu’il n’est pas sur la liste des indésirables. Il commence à se faire de plus en plus de connaissances et côtoie le monde entier chez Décath. Iris est de Hong Kong, Giovanni d’Italie, les clients sont argentins, français, américains, chinois. Les managers ont roulé leur bosse en Espagne ou aux quatre coins du monde. Un microcosme fascinant dans lequel il évolue depuis bientôt deux mois et où il se sent de mieux en mieux. Une connaissance me disait l’autre jour de façon étonnamment catégorique qu’elle refusait de travailler avec des américains, de se lier avec des américains et d’avoir quoique ce soit à faire avec les américains. Elle ne souhaite évoluer ici que dans un milieu français et rien d’autre. Guy me disait au contraire que en tant que « conjoint d’expatrié » c’est ce plongeon dans la société américaine qui fait tout le sel de notre aventure ici pour lui.  Ce qui lui permet de voir autre chose et de s’épanouir.

Le week-end a démarré gentiment. Un samedi matin en pyjama, des copies, des courses. Bref, le quotidien. Puis nous avons déposé Louise chez les Schav pour son premier « sleep over » comme on dit ici. Ces derniers nous ont fait une offre incroyable pour les jeunes parents expatriés que nous sommes : ils nous ont proposé la semaine dernière de la garder pour la nuit pour que nous puissions aller nous faire un restaurant sur SF. Je peux vous assurer qu’après avoir été virés comme des mal propres par notre propre fille (« Allez maman c’est bon au revoir à demain ! ») et par les Schav (« C’est bon maman poule tout va bien ça va bien se passer, profite de ta soirée ! »)… et bien ça nous a fait drôle de nous retrouver tous les deux en voiture sans la chevelue. Une petite virée sur Valencia St dans Mission pour voir quelques curiosités et nous nous sommes attablés chez Loló, un petit restaurant chaleureux à l’ambiance tonitruante dédié à la cuisine Mexicaine Jaliscaine.

 Les spécialités de la région de Oaxaca (prononcer « Ouajaka ») défilent devant nos yeux ébahis et nos bouches salivantes. Tout arrive sous forme de tapas. On a plus qu’à se remplir littéralement la panse en discutant de choses et d’autres. Queso fundido, Empanadas, Carne assada (le moment où Guy qualifie sa viande de « symphonie du boeuf », l’oeil brillant et le menton gras) et tortillas de maïs faites maison pour finir par un délicieux flán dont on s’était déjà gavés en Amérique Latine. On est obligés de se tenir l’un à l’autre pour remonter la rue pentue qui mène à la voiture et on met les sièges en position semi-allongée pour rentrer chez nous. Drôle de moment d’aller se coucher alors que la chambre de Louise est vide. On espère qu’elle dort bien (on apprendra le lendemain matin qu’elle a papoté dans le noir jusqu’à 10h30, puis est allée squatter la chambre de Marie et Matthieu pour dormir…!).

On récupère l’individu fraîche comme une petite laitue dimanche matin et Guy profite de la matinée pour… aller passer un entretien chez Apple à Corte Madera. Ils ont retenu son CV et il a droit à 1h d’entretien avec un autre candidat. Rien de bien intéressant au final. Ils ne lui proposent qu’un mi-temps, du travail tous les week-ends, payé au lance-pierre avec un black-out total de fin Octobre à mi Janvier pendant lequel aucun jour ne peut-être posé. On se rend compte que chez Décathlon, il a le beurre et l’argent du beurre alors bon. Il est bien où il est.

Dimanche matin, nous avons décidé d’aller visiter une des dernière grosses demeures cossues du XIXe siècle encore visitable en ville : la Haas-Lilienthal House.

 

Énorme bâtisse à côté de laquelle nous sommes passés de nombreuses fois, elle impressionne par sa taille, sa couleur austère et le contraste qu’elle impose avec le reste du quartier. Construite pour un négociant européen immigré d’origine juive – William Haas –  dans les années 1880, cette maison d’inspiration bavaroise comporte 24 pièces et correspond seulement à une maison de famille de classe moyenne. C’est dire l’argent et l’opulence que brassait San Francisco en cette période de Gold Rush. Alice Lilienthal, fille de William, y a vu le jour en 1885 et sera sa dernière occupante en 1972, lorsque la maison est offerte au Patrimoine de la ville de San Francisco. Sa particularité ? Elle a survécu au tremblement de terre de 1906 grâce à la plasticité du bois et… Alice n’a jamais rien changé à la décoration intérieure de cette maison ni à l’agencement des pièces ou aux revêtements. On pénètre alors dans cette maison comme dans une capsule temporelle. Et dès l’instant où nous franchissons le seuil marbré et que les doubles portes de la bâtisse se referment, nous sommes propulsés à la toute fin du XIXe siècle. Les murs en Redwood et Acajou, les épais tapis, les moulures et plafonds à caisson, les chaises sculptées et brodées, le sol carrelé de la salle de bain (et l’ancêtre du lisseur à cheveux qu’on chauffait sur le gaz) ou encore le « frigidaire » du début du XXe siècle, tout concourt à ouvrir pour nous une fenêtre sur une autre époque.

 

 

Surtout, grâce a cette visite nous sommes devenus champions dans l’identification du style architectural des maisons de San Francisco. Ainsi, cette énorme demeure est d’un style Queen Ann mais nous croisons plus régulièrement dans la ville de l’Italianate ou du Stick Eastlake. Nous en tout cas, ça nous en bouche un coin.

Changement total d’ambiance en quelques blocks à peine. Une autre fenêtre s’ouvre pour nous et nous sommes transportés en un temps record à Tokyo. On emmène Louise manger des ramen qu’elle avale goulument et puis on se promène de boutiques en boutiques, à l’ombre du temple pour la Paix bâti dans les années 1960.

A notre grande surprise, le dépaysement est total. On retrouve avec plaisir tout un pan de la culture japonaise contemporaine que nous avions beaucoup aimé il y à bientôt 10 ans. Le raffinement des poteries, les vitrines rivalisant d’originalité pour présenter leurs plats en plastique, les filles en cos-play, les Konoibori qui volent au vent, les odeurs de nouilles et d’okonomiyaki, les mangas à perte de vue et les bric-à-brac d’objets tous plus kawai les uns que les autres. Quelques femmes en tenues traditionnelles traversent furtivement la place. Cet endroit n’est que la partie émergée de tout un aspect de la vie quotidienne de certains San franciscain que l’on ne verra sans doute jamais. Tout se joue derrière les portes des maisons.

 

On ne résiste pas au Pika-Pika qui nous rappelle de bons souvenirs (pour voir nos têtes de jeunes premiers en 2009, c’est par ici : Pika Pika à Osaka) : pour 12$, on se lance dans une partie de photographies endiablées. On choisi le thème de fond, puis l’énorme machine nous propose tout un tas de poses que Louise imite dans une succession de fou-rires. La troisième étape est celle de la customisation : armés d’un stylet, on ajoute des stickers, des cœurs, des messages… Et voilà le résultat. Un excellent souvenir.

Louise s’endort en 2 minutes après cela et on en profite pour se lancer dans une grande promenade : la vue  sur la baie depuis les Lyons Steps pour commencer puis un passage obligé par une petite rue méconnue qui donne un excellente aperçu de ce à quoi pouvait ressembler la ville avant le Grand tremblement de terre de 1906 (et son cortège d’incendies).

 

 

Bienvenue à Cottage Row, une micro rue piétonne en briques rouges bordées de Trompettes d’anges jaunes. Les maisons, en bois, sont toutes alignées et l’espace d’un instant, on n’entend plus les bruits de la ville. Incroyable petit espace préservé et peu fréquenté. On retourne à Japantown déguster des glaces au Lychee et Guy ne résiste pas à ingurgiter des petites boules de riz cryogénisées rebaptisées « Souffle du Dragon ». Je vous laisse deviner pourquoi.

 Il est déjà 17h, on rentre tranquillement chez nous dans le Grand Nord pour dérouler ce qui est devenu une succession de réflexes : le bain, les lunch box, la préparation des sacs de tout le monde pour le lendemain, la mise du vélo dans la voiture. Japantown nous laisse un souvenir doux et agréable, loin de la folie tumultueuse et très touristique du pourtant très beau Chinatown. On y reviendra c’est sur. Histoire d’acheter quelques boîtes bento et des koinoboris.

La semaine qui arrive sera tronquée pour moi. Je pars en réunion à Washington pour quelques jours. Père et fille vont se retrouver en tête à tête de mercredi à vendredi soir. Et on se retrouvera tous pour un samedi pyjama et crêpes, le temps de se préparer à affronter le Super Bowl dimanche !

On vous embrasse et à très vite,

C, G & L

Quelques réponses à vos commentaires :

@MH : Ecoute je ne sais pas et je n’avais pas envisagé la question dans ce sens… on attend qu’il nous fasse quelques petits records !

@Evelyne : finalement le shutdown n’aura pas duré très longtemps 🙂

@Maman: Oui c’est vrai mais… la neige nous manque déjà ici ! Alors bon, je pense qu’on va aller vers le Nord quand même héhé.

@Séb : La nourriture ici c’est un combat de tous les jours si tu savais !

3 thoughts on “Lost in translation

  1. Trop sympa ce week-end ! On a l’impression que vous avez raconté 4 jours tellement vous en avez fait! Trop cool le sleep over de Loulou😂 allerrrr dehorsssss 😂. Sacrée elle ! Les photos « japonaises » sont trop marrantes. Et les quartiers parcourus… J’adore la maison 19e 😉 bisous la troupe !

  2. Ok, vous m’avez donné faim encore !!!

    Oh tu pars à Washington DC????!!! La classe ! Tu y vas pour tirer les bretelles à Donald ? XD

  3. J’espère que Guy ‘e fera pas partie d’une prochaine charrette. Pour votre petite tête blonde, c’est bien qu’elle prenne un peu d’indépendance. Mais même pas étonnée que vous soyez chamboulés
    Oserais je dire que ce n’ai que le début. Des bisous à vous 3

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