D comme Décath – Travailler aux Etats-Unis

Chers tous,

Les grands-parents sont déjà repartis, nous laissant tous les 4 avec plein de jolis souvenirs… Avant le départ pour le premier grand  voyage de Lucie, on est allés découvrir quelques nouveaux endroits non encore visités à San Francisco. Twin Peaks, second plus haut sommet de la ville (281m et où le vent à failli venir à bout de ma chevelure) et le Mont Davidson surtout (283m, point culminant). Au sommet, un vieil arbre déraciné donne un effet très sympa à la vue sur la ville. Si on s’assied sur les branches, on peut même donner l’impression, en photographie, de flotter au dessus de San Francisco.

 

 

Mais bon. Encore faut-il pouvoir. J’ai oublié que je n’avais pas encore retrouvé mes abdos. Du coup c’est un échec total mais qui nous a bien fait rire (on dirait pas comme ça, mais le tronc est tout lisse, sans prises et il y a un écartement important entre les branches. Si si je vous assure).

L’une des plus grosses fleurs du monde (Arum Titan) vient d’éclore au conservatoire. On savoure notre désormais nouvelle proximité de la ville pour se payer le luxe de faire un petit aller-retour juste pour elle. Il faut dire que la prochaine éclosion aura lieu dans 10 ans alors on en profite ! On embarque au passage Eloane et son papa avant d’aller pique-niquer dans le Golden Gate Park.

 

Mais passons car voici un post dédié à un autre sujet.

A bien y regarder, le vrai expatrié ici, c’est lui. Moi, je ne fais qu’apporter les conditions financières et légales possibles à cette expérience de vie. Un cadre. Lui, c’est un peu la voix silencieuse sur ce blog. J’écris, j’écris mais… et Guy ?

Pour ce nouvel article, une fois n’est pas coutume, je lui passe le clavier. Enfin presque. Il a les mains prises par du chocolat, des trucs fun à manger, des factures et des démarches à faire, avachi dans le canapé avec Lucie qui lui bave sur l’épaule et Louise qui lui colle des autocollants Trader Joe’s sur le front. Je vais taper et lui, il raconte.

Entretien canapé (littéralement) avec un petit mélange de toutes les questions que l’on me pose tout le temps le concernant.

Tu voulais pas profiter de l’expatriation pour expérimenter une ou 2 années sabbatiques ?

Dès le début (avant qu’on ne parte) il est apparu nécessaire que je travaille parce que en se renseignant un minimum on a très vite su que le coût de la vie ici serait incroyable.  Un boulot nous permettrait de mettre de côté afin de pouvoir voyager. C’est un peu le but de notre expatriation. J’ai commencé par faire du volontariat à la Recyclerie de San Rafael pour occuper mes journées et je me suis vite rendu compte qu’être avec des américains au quotidien dans un domaine professionnel c’est une grosse part de l’expatriation qui m’intéressait et que je voulais vivre. Voir comment ils bossent, comment ils mangent à la pause déjeuner (ah, les donuts et les pizzas de San Rafael). Et puis immanquablement, je  me suis attaché aux gars à la Recyclerie. Il y a eu pendant quelques temps une vraie opportunité pour que je puisse travailler avec eux.  Je me suis beaucoup projeté là-bas. Mais les démarches – pourtant faites dès notre arrivée –  pour obtenir le permis de travail ont été plus longues que prévu et ils ont été obligés d’embaucher quelqu’un d’autre.

Ça n’a pas été dur de se lancer après l’obtention du permis ?

Ça n’a pas été évident c’est sûr mais, grâce à la Recyclerie, ça a été plus facile que si j’avais commencé immédiatement par chercher un boulot.  Là-bas, j’avais  pris l’habitude de parler anglais tous les jours dans un milieu professionnel. Mais clairement passer des entretiens alors que je ne suis pas fluide en anglais a été  stressant. Ceci dit on a fait une simulation d’entretien tous les deux avant (*avec moi), on s’est entraînés… Le stress est finalement le même qu’en France mais ici il y a la barrière de la langue en plus. Mais je suis venu pour ça. C’est une étape que j’avais envie de vivre ici.

Alors… c’est facile de trouver du boulot ? Le CV en anglais, la lettre de motivation, la recherche… On cherche quoi d’ailleurs et comment (Linkedin, les réseaux sociaux) ? L’entretien d’embauche, la paie…

Et bien ça a été hyper facile. Je ne pensais pas. Les premiers jours après avoir postulé étaient assez angoissants parce je ne savais pas si j’aurai des réponses comme en France. Mais en fait si ! J’ai commencé à recevoir des appels pour me rencontrer car ici les CV sont  anonymes. Donc tout le monde a sa chance. Il faut pas s’attendre à gagner le salaire d’un prof au Lycée par contre. Du travail il y en a (on m’a souvent parlé du plein emploi) mais c’est peu payé. Donc à partir du moment où on est prêt a accepter un poste pas trop bien payé (comme l’immense majorité des gens qui vivent ici) … et bien j’ai eu 3 entretiens en 3 jours.  Autodesk par exemple j’ai obtenu le poste ! Alors que la fiche de poste ne me correspondait pas totalement. On m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’inquiète pour mon niveau d’anglais. On m’a fait confiance. C’est ce qui est notable ici. On fait confiance à l’humain et à ses compétences et c’est un plus. La contrepartie toutefois (parce qu’il y en a une évidemment) c’est que si finalement tu ne conviens pas, tu peux être viré au bout de 2 semaines, sans préavis et en 30mn montre en main. Et avec le sourire.

J’ai apprécié devoir apprendre à faire un CV et une lettre de motivation à l’américaine. C’est donc anonyme ici et la façon de mettre en page est différente. Pour trouver un travail, j’ai utilisé de sites locaux comme Indeed, le bouche à oreille évidemment  et d’autres sites web… J’ai cherché en fonction de mes centres d’intérêt parce que je n’avais pas franchement envie d’être de nouveau bibliothécaire. Donc j’ai postulé auprès de magasins de vélo, de boutiques de sport, à la Recyclerie, dans le domaine de la tech. et informatique.  Mais bon bosser dans la tech, c’est presque forcément  aller à Palo Alto et le temps de trajet était ingérable (2h aller simple).  Sur les bons conseils de collègues de Céline, je me suis fait un profil Linkedin mais je n’ai même pas eu le temps de l’utiliser. D’ailleurs maintenant je me dis que même en France ce serait bien d’en avoir un.

En ce qui concerne les entretiens, je n’ai pas eu de soucis avec la langue finalement. Ça a été des entretiens plutôt classiques mais à la Californienne tout de même. Chez Sports Basement  j’ai été reçu par un manager en casquette dans des fauteuils cosy et on m’a essentiellement demandé de parler de moi. On est allés droit au but rapidement. Chez Autodesk ça a été très différent : une opératrice m’a expliqué le métier pendant 30mn en me montrant concrètement ce qu’elle faisait depuis son bureau. Puis on m’a demandé si le métier me plaisait et si je me sentais capable d’assurer. C’est une démarche intéressante !  Chez Décath., l’entretien s’est fait en français (j’avais passé des heures à réviser le vocabulaire de la course à pied, de la natation et du vélo) finalement pour ensuite passer en anglais avec d’autres managers, puis repasser en français. Ça a été un vrai ping pong linguistique en fait. Le fait de pouvoir parler français m’a beaucoup aidé soyons honnêtes. Mais j’ai une petite satisfaction tout de même : celle qui m’a choisi pour bosser à Décath., c’est Iris et il a fallu la convaincre en anglais. Quand j’ai fait mon entretien chez Apple j’étais déjà embauché chez Décath alors j’y suis allé bien plus relax. Bon et puis… c’est Apple quoi. Il y avait 20.000 candidats derrière moi. Les responsables ont beaucoup présenté les avantages de la boîte mais n’ont jamais abordé la question de la paie (parce que minimale). Les entretiens chez Apple c’est très corporate* (*très protocolaire, très « vive l’entreprise »), très lisse, presque sectaire. Ça fait rêver le Geek en moi en même temps un peu. Mais bon, au final ça m’attirait moins puisque je bossais déjà. Je savais que chez Apple je me serai fait broyer par une masse de monde très habituée aux produits et qui aurait des questions pointues. Alors que Décath ouvrait tout juste son premier magasin aux Etats-Unis alors on a eu le temps de se roder. Je dois avouer que tout m’attirait. J’aurais bien fait quelques mois chez Autodesk,  quelques temps chez Apple…

Les paies ici sont très basses alors que les loyers  excessifs (et pourtant, les américains trouvent que 19 dollars de l’heure, c’est pas trop mal).  On se pose des questions et on finit par comprendre pourquoi les gens ont plusieurs boulots et font encore de la colocation à plus de 30 ans ou vivent à 3 (avec enfant) dans un studio. C’est Céline qui a le salaire principal donc bon je ne me suis pas mis une pression incroyable même si j’aurais aimé pouvoir gagner plus. Pour pouvoir vivre ici et être indépendant, il faut travailler dans la tech. C’est pour ça qu’il y a le plein emploi ici. Les paies ne sont pas négociables et on attend de voir comment tu travailles pour éventuellement te permettre de progresser. Sauf chez Autodesk où on m’a fait une proposition a $20/h car ils savaient que Décath m’avait fait une proposition à 19. C’est un peu un regret d’ailleurs de ne pas avoir travaillé chez Autodesk. Là, ça aurait été la vraie expatriation. Décath c’est un peu rester dans ma zone de confort quelque part. Mais j’avoue avoir privilégié les vacances, les horaires pour les filles etc. J’ai un petit regret de ne pas avoir bossé dans une boite 100% américaine. Giovanni* (* son collègue devenu ami à Décathlon) se moque de moi parfois en me demandant si je veux vraiment tenter le management à l’américaine…

Qu’est ce qui change avec la France ? 

Je sais pas trop. Je n’ai pas de pression ici, je suis plus relax et du coup tout me semble plutôt simple et facile. Il n’y a pas vraiment d’enjeux. Les collègues sont hyper fatalistes ils acceptent tout et sont peu dans la contestation même pour discuter. C’est ce qui est vraiment différent avec la France.

Toi qui a bossé à Leroy Merlin en temps qu’étudiant, c’est comment de bosser dans le retail aux E. Unis ? Et la barrière de la langue, comment ça se passe avec les clients ?

La langue n’a pas posé problème avec les clients mais c’est à prendre en compte dans la fatigue. Il faut tout le temps réfléchir à tout. Au début, cela m’a fatigué physiquement  de parler anglais. Ça m’a demandé un effort incroyable. J’ai senti que ma tête fatiguait… je parlais parfois peu car ça me coutait physiquement de ne pas pouvoir m’exprimer dans ma langue maternelle. Je ne me suis pas senti  légitime parfois quand des natifs américains me demandaient  des conseils avisés sur le sport. C’est de ma faute ceci étant dit puisque j’ai plutôt privilégié les rencontres avec les collègues plutôt que de bosser un carnet de vocabulaire. Je me suis dit que j’allais  progresser naturellement. J’ai été fainéant un peu je pense. Inévitablement on progresse ceci étant dit. J’écoutais beaucoup Giovanni par exemple et j’apprenais les tournures de phrase pour saluer les clients, faire le check out* (*payer). Cependant, je ne peux pas me lancer dans une vente argumentée comme en français… et pourtant c’est pas faute de pratiquer du sport !

Et les collègues ? 

Au quotidien on tisse des liens bien sûr. Depuis que je suis en congé paternité par contre, il faut lutter (bien plus qu’en France) pour les entretenir. Mes collègues américains ne me relancent pas énormément. Cependant, ils sont très ouverts à toute proposition à condition de les relancer. C’est surtout avec Giovanni que j’ai tissé des liens forts (soirées, pique nique le 4th of July et… il est venu cette semaine nous cuisiner des pâtes à la maison). Italo-américain de la trentaine, on se ressemble sur pas mal de points. Peut-être parce qu’on partage  la même culture européenne !

3 choses qui te rendent dingue ?

  • Ça ne me rend pas dingue mais… Ce n’est pas toujours évident de travailler avec des managers expatriés qui n’ont eu que peu voire pas de démarches à faire et ne comprennent pas forcément toujours la culture américaine  (toutes les boutiques de Market étaient fermées le 4 juillet, fête nationale. Sauf nous. Les collègues américains l’ont eue mauvaise). Ils managent par ailleurs souvent les équipes sans savoir ce que c’est qu’un commute parfois long (je venais de San Rafael mais certains collègues sont plus au Nord encore), ce que c’est qu’être payé 19 dollars de l’heure, de lutter pour pouvoir se loger, de faire des démarches en permanence (un manager espagnol n’a pas eu besoin de visa ni de permis de travail).
  • Le coté fataliste des américains me rend dingue. Ils évitent en permanence les conflits. En soit cela semble bien mais on constate les mêmes problèmes et personne ne prend jamais la parole. Peut être parce que ce sont surtout des jeunes. Tout est toujours awesome* (*génial) mais j’ai vite constaté qu’en fait ce positivisme n’est que de façade. C’est toujours too much.
  • Les pauses déjeuner à… 16h !

3 choses que tu trouves top ?

Il y a plus que 3 « choses » :

  • La rencontre avec plein de clients  d’origine très différentes. J’ai eu le luxe de pouvoir me lancer dans des conversations incroyables régulièrement pour savoir d’où ils venaient, ce qui les amenaient à San Francisco… j’ai adoré. C’est pareil du côté des collègues. Il y a pas mal d’européens parmi la majorité d’américains. On passe d’une langue à l’autre en permanence c’est très enrichissant.
  • Travailler sur Market Street dans le Financial et faire du vélo au milieu des tours gigantesques. Assister au va-et-vient des travailleurs en costume, à l’ouverture des boutiques au petit matin.
  • Partager la passion du sport avec des clients incroyables. Toutefois encore une fois, j’ai une petite frustration liée à la barrière de la langue. Je n’ai  pas eu le temps d’acquérir tout le vocabulaire technique. Je me débrouille quand même et les américains (habitués ici à des milliers d’accents différents, de prononciations différentes) sont hyper tolérants. On m’a jamais renvoyé dans les dents le fait que je ne parlais pas forcément bien et qu’il fallait un autre vendeur.
  • Se saluer à l’américaine le matin. Je tendais la main au début (à l’européenne) puis ils se sont mis à me faire des « checks », des hugs* (*on se prend dans les bras), what’s up ?* (*comment ça va?). Il y a des tonnes de variantes. Au début j’étais un peu perturbé et je ne savais pas comment m’y pendre puis je me suis pris au jeu. Il suffit de prendre les  devants et ils te suivent. C’est très naturel finalement. Pour la naissance de Lucie, j’ai eu droit à plein de hugs. C’est toujours agréable. C’est paradoxal ceci étant dit puisque comme je le disais, c’est très « de façade ». Ça n’empêche pas un manager de te saluer ainsi puis de te virer dans les 30mn.
  • Le top : les donuts, les pizzas… le grignotage à l’américaine sur le lieu du boulot. Un must !
  • Les joueurs NBA des grandes équipes venues affronter les Golden State Warriors dormaient au Four Seasons, juste à côté. J’ai rarement eu l’occasion de voir beaucoup de joueurs mais c’est sympa (pour un fan de NBA) de se dire qu’ils sont juste là..
  • Il y a pas mal de  jeunes dans la vente ici : du coup, ils sont toujours à fond et ont une pêche incroyable. Ils ont toujours plein de propositions pour faire des soirées, sortir, faire du sport. Il y a un vrai dynamisme tous les jours malgré les faux-semblants

Et le commute entre le boulot et la maison ?

 

Le commute, je l’effectue tous les jours en vélo* (*avant les grandes vacances, nous allions tous les 3 – puis 4 – à l’école de Louise. On déposait la petite et Guy partait de Sausalito en vélo. Quand je travaillais encore, j’enchaînais ensuite vers le Sunset). C’est pas un parcours des plus faciles parce que la ville est quand même connue pour être pentue mais sur mon parcours, c’était raisonnable. Tous les jours je réalise la chance que j’ai de faire un ride dans une grande ville américaine au milieu des ambulances qui filent à toute vitesse, des autres riders etc. Au début j’ai beaucoup observé ce que faisaient les autres cyclistes puis très vite j’ai été à l’aise. Sur ma route, je n’ai qu’à tourner la tête pour voir le Golden Gate Bridge, lever les yeux pour observer les buildings du Financial District… je goûte ma chance. J’en ai pas mal bavé parfois parce que c’est une ville côtière alors il y a beaucoup de vent, de la pluie parfois. Surtout, je me suis vite rendu compte qu’aller au boulot en vélo m’a permis de compléter un voire deux entrainements par semaine de course à pied. J’ai fondu en un rien de temps et j’ai pu me préparer de façon complète pour le Marathon de San Francisco (dimanche 29 juillet à 14h30 heure française).

Sur la route pendant mon commute, c’est une compétition permanente : c’est à qui a le vélo le plus cher, le plus équipé, le plus tendance. C’est un peu à l’image de la société d’ailleurs : il faut être équipé, avoir une super maison, une belle carrière, des enfants, un beau chien, une grosse assurance, une grosse voiture, un équipement dernier cri. Et un vélo en carbone pour les rues défoncées de Market donc. A tel point que j’ai parfois l’impression qu’avec mon petit vélo et mes chaussures, on me prenait de haut.

Ce commute me plaît énormément pour le défi sportif, mais il y a aussi un coté économique et écologique derrière ces 8 mois de trajets quotidien. Je fais en moyenne 40 bornes par jour. C’est une chose qui me faisait peur en France et que j’ai du faire par nécessité ici. Et avec des côtes gigantesques !

C’est quoi le quotidien du Financial district ?

 

 

La première chose la plus marquante pour moi, ce sont les travailleurs qui avancent – comme dans toute grande ville j’imagine –  dans leurs bulles enfermés dans leurs smartphones. Il y a une vie incroyable la semaine, ça bouillonne et le week-end, on dirait que c’est une ville morte. Je pouvais surfer entre les rails tranquillement sans avoir peur des bus et du tram.

Market Street* (*coeur du Financial District, là où se situe Décathlon), énorme tranchée qui scinde une partie de la ville en deux, est le théâtre de manifestations en tous genres : la Gay Pride, les manifestation anti-armes des étudiants, des arrestations musclées. On est un peu au spectacle tous les jours.

Market Street c’est aussi là ou je serre les dents pour pas me vautrer dans les rails* (*ce qui lui est arrivé un peu plus loin), ne pas renverser de gens qui se faufilent, éviter de me prendre les bus. C’est le courant d’air permanent d’ailleurs. Le vent de l’océan s’y engouffre  ce qui rend mon trajet en vélo un peu plus compliqué. C’est simple, sur les 13 miles (20 km) et 50mn de mon commute, je passais 10mn sur le 1 mile de Market Street.

Le quotidien de Market c’est aussi le défilé fascinant de Uber et Lyft. Je vois les gens rivés sur le téléphone qui attendent au bord du trottoir, disent à peine bonjour au chauffeur et s’engouffrent machinalement dans la voiture. C’est le berceau de la Silicon Valley ici. La Tech a crée des milliers d’emplois et paradoxalement, elle a aussi créé une société d’isolés. Tout fonctionne avec les nouvelles technologies. Il y a les sièges sociaux de tout sur Market : Uber, Airbnb, Twitter, Yelp. On sent que ici, les gens vivent de la Tech,  par elle et pour elle… et ils en sont effroyablement dépendants. C’est un peu effrayant cette impression d’être dans la société de Big Brother qui contrôle tout. Même sur leurs vélos, les cyclistes ont les oreillettes Apple et sont prêts à recevoir des appels sur le téléphone. Connectés en permanence.

De l’autre côté de ce monde de paillettes, il y a dans le Financial District, plein de SDF. La pauvreté est marquante et c’est assez dur de se mouvoir dans un monde où le business prime avec toutes ces boutiques chics et capitalistes alors que les rues sont remplies de gens qui ont besoin d’aide. Qu’il pleuve, vente, neige, ils sont dehors assis par terre. Pour le coup, le service public en France et la médiathèque ouverte à tous me manque. C’est dur à voir et à vivre. Pour supporter on essaie d’aider. J’ai pu aider parfois une personne à acheter une carte prépayée pour acheter une tente* (Décath. a décidé d’être une boutique sans argent physique. Il faut une carte bleue pour acheter ce qui exclu de fait les SDF qui parfois aimeraient acheter une tente pour s’abriter par exemple), j’ai donné des repas, mes chaussures de course.

Et pour finir, s’il fallait résumer ?

Je vis pas mal de choses. J’ai vraiment l’impression de m’insérer dans la société américaine grâce à tout cela. Pleinement.

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Un bien long post (1000 excuses) pour résumer ces 8 mois d’activité !

Pour ceux que ça intéresse, à 5h30 (du matin) donc 14h30 heure française, Guy court le Marathon de San Francisco ! Pour le suivre en direct, c’est par ici Suivre Guy pendant le Marathon . Il suffit de cliquer sur « Search participants »et d’entrer son numéro de dossard : 1215 🙂 En espérant ne pas le ramasser à la petite cuiller !

La semaine prochaine… nous serons sur la route ! On vous écrit « de là-bas »! Bonne semaine à tous,

C, G, L&L

Quelques réponses à vos commentaires :

@Evelyne : Toujours un vrai bonheur pour nous tous quand Papi et Mamie sont là ! On t’embrasse !

@Anne-Laure : Toi ici ! : ) Oui tu as vu ?? On a tous de loooongs cheveux. Comme toi et tes filles j’imagine : )

@Colette : Exactement ! C’est ce qu’on va faire… souffler et se détendre ! Plein de bisous !

6 thoughts on “D comme Décath – Travailler aux Etats-Unis

  1. Très intéressant d’avoir ton vécu Guy ! Une vrai expérience pour toi c’est bien. Et à ton retour tu reprends ton poste ? Moi je te verrai bien prendre une boutique de vente et réparation de vélo. Il y a des jeunes près de chez moi qui en ouvrent une et tout le monde les attends avec impatience ! Tu n’aurai pas envie Guy de te recycler ? Bisous à tous les 4 😘

  2. 3h34 ! Chapeau Guy 😄
    Merci pour ce récit. Continue de profiter de cette expatriation comme une belle opportunité.

    Bonnes vacances à tous les 4 et hâte de suivre vos aventures « là -bas  »
    Bisous 😙

  3. Quelle bonne idée de faire parler Guy, il a une bonne secrétaire. .. Pas fainéant du tout le mec bien au contraire il a beaucoup de mérite. Je le félicite vraiment. Je vous fais de gros bisous de Charente.

  4. Ah mince ! J’ai loupé le marathon de Guy ! J’espère que tu as fait parti des meilleurs :]

    Plus je vous lis et plus paradoxalement j’ai moins envie d’aller vivre aux USA. La France est très très bien ! Je crois que ce qui me ferait péter un câble, c’est cette fausse bienveillance que Guy décrit. Ce côté, on est tout souriants mais en fait on est à 2 doigts de faire une dépression, on est gentils mais c’est qu’une façade pour obtenir plus. Et cette crainte d’exprimer son ressenti sur le boulot, on s’interdit de dire ce qui ne va pas de peur de perdre son boulot ou de se faire discréditer. Le personnage du franchouillard syndicaliste qui ne mâche pas ses mots me manquerait énormément ! (Au boulot je suis spammé de mails de syndicats mais au moins ils peuvent s’exprimer et mettent le nez dans le crottin de ceux qui dirigent, je trouve ça bien plus sain.)

    J’avais entendu parler du contraste énorme entre riches et pauvres mais de ce que décrit Guy ça semble être bien pire ! Ce monde a l’air super-précaire, t’es constamment en période d’essai sur un salaire qui semble être relativement dérisoire.

    Je ne sais plus si j’ai posé la question mais est-ce que vous avez eu l’occasion de tester le magasin autonome d’Amazon ?

  5. Depuis le début de votre installation j’ai suivi votre belle aventure à San Francisco que je ne pensais plus aux miséreux.
    Et, en lisant le dernier chapitre de l’histoire de Guy, je m’en rends compte que son exposé concernant les pauvres est très effrayant. Il n’y a pas que des paillettes.
    Merci à la journaliste Mrs Céline qui a réalisé l’interview exceptionnelle de Mr Guy
    Vous serez sur la route de là-bas??? Surprise
    Je vous souhaite de bonnes vacances
    PS: Guy a t-il été convaincant lors de son marathon?

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