» L’aspect de cette côte élevée en amphithéâtre nous offrait le plus riant spectacle. A peine en crûmes-nous nos yeux, lorsque nous découvrîmes un pic chargé d’arbres jusqu’à sa cime isolée qui s’élevait au niveau des montagnes dans l’intérieur de la partie méridionale de l’île. Il règne sur les bords de la mer, au pied du pays haut, une lisière de terre basse et unie, couverte de plantations. C’est là qu’au milieu des bananiers, des cocotiers et d’autres arbres chargés de fruits, nous apercevions les maisons des insulaires. […] La terre se jonchait de feuillage et de fleurs, et des musiciens chantaient aux accords de la flûte un hymne de jouissance. Vénus est ici la déesse de l’hospitalité, son culte n’y admet point de mystères, et chaque jouissance est une fête pour la nation. » Bougainville, Voyage autour du monde, 1768.

Il est loin le temps où l’Homme blanc observait pour la première fois, il y a bientôt trois siècles, les rivages déchiquetés et les reliefs tourmentés de ces îles. Depuis sa découverte et ses redécouvertes, l’incroyable fascination européenne pour Tahiti et ses poussières d’îles imprègne durablement l’imaginaire européen et l’inconscient collectif. Tahiti est alors l’incarnation la plus pure de l’Altérité poussée à son extrême à une époque ou la fascination pour l’Autre et l’Ailleurs prend son envol et se développe dans l’effervescence d’une Europe marquée par des découvertes tous azimuts. Celle que Samuel Wallis découvre, puis que Bougainville baptise la Nouvelle Cythère est la concrétisation des aspirations naturelles utopistes des hommes du XVIIIe siècle. Elle est le symbole de l’opulence, de la perfection pour tous. Incarnation du Paradis Perdu, de la voluptuosité, de l’enchantement, elle est un Jardin d’Eden retrouvé, à l’insaisissable beauté concrétisée par ces pics acérés et ces cotes déchirées. Avec son port altier, ses déclinaisons de vert émeraude, l’opalescence de ses eaux, les tons diaphanes de ses cascades et les reflets irisés de sa végétation, Tahiti est l’insularité faite perfection. La quintessence du sublime. La Jérusalem Céleste à portée de regard.

C’est là que nous avons posé nos sacs pour 2 semaines. Pour voir mon frère et ma belle sœur bien sûr et puis aussi pour toucher du doigt le mythe, se l’approprier un peu et le vivre. Alors que nous atterrissons à l’aéroport de Fa’a’ā, et que nous remontons l’unique route qui fait le tour de l’île, je regarde l’incroyable couronne de pics vertigineux qui s’élève dans l’intérieur de l’île. D’un regard et grâce à une imagination débordante, je gomme les traces de la civilisation moderne et m’imagine l’état d’esprit des premiers explorateurs posant le pied dans ces contrées inconnues…

• 

• 

• 

• 

• 

Pour le moment, place aux retrouvailles et aux fêtes. Nous vous souhaitons un très Joyeux Noël depuis un petit bout du monde et une excellente Nouvelle Année ! On vous retrouve dans 15 jours pour vous raconter dans le détail nos découvertes…

C, G, L&L