Chroniques d’Ailleurs #2 – Un récit des escapades de Louise et Lucie

Voyager en Polynésie française en compagnie de deux jeunes enfants, c’est à la fois un défi et – sans atteindre l’ataraxie – un chouette moment. Déjà adeptes de voyages « lents », nous avions pris l’habitude – avec l’arrivée de Louise – de ralentir encore plus le rythme des voyages en compagnie de notre petit nabot. L’arrivée d’un quatrième membre dans l’équipe n’a en cela rien changé à notre façon de voyager. Le slow travel c’est tout un art. C’est commencer par accepter que l’on ne pourra jamais tout voir de toute manière. Surtout dans un archipel qui compte plus de 100 îles. Alors, plutôt que de vouloir en voir un maximum, on sélectionne à la manière d’un orfèvre quelques perles dont on va chercher à profiter pleinement. Ou bien – quand on le peut – on rajoute du temps.

Pour la Polynésie, du temps, nous n’en avions que peu. Alors on a sélectionné. Pour ce voyage avec les filles, nous avons été aidés par le peu de temps de trajet (8h seulement depuis San Francisco) et le très faible décalage horaire (2h). Ce qui n’a pas empêché Lucie – 6 mois – de souffrir de la chaleur et de la forte humidité ambiante. Déjà encline à faire entendre sa petite voix de baryton dès que quelque chose la chagrine, elle a été un peu chafouin les premiers jours.

Alors, on sélectionne quoi pour deux semaines sur place avec deux enfants? On a commencé par passer une semaine sur l’île de Tahiti. Moins touristique que d’autres îles aux atours certes plus charmeurs, Tahiti est donc moins fréquentée et on peut, en maintes occasions, se retrouver seuls sur certaines visites.

Visite #1 – Escapades urbaines à Papeete

Promenade agréable dans la ville au petit matin, avant que les fortes chaleurs ne nous accablent. On découvre le street art qui a joliment envahi les façades décrépies de certaines ruelles, le trafic, les routes défoncées, le temple chinois, les églises. La ville met nos sens à toute épreuve : on joue à cache-cache avec le soleil et à chaque détour, la montagne accroche notre regard, les odeurs éclectiques nous chatouillent les narines. On avance au rythme des sons de la ville : klaxon, conversations étouffées, brouhaha, musique tahitienne, éclats de rire.

Visite #2 – Tour de l’île en 2 jours

On fait le tour de Tahiti Nui (la grande) et de la presqu’île de Tahiti iti. Enfin presque. La route ne fait pas tout le tour de la presqu’île et il nous faut rebrousser chemin. On s’arrête de-ci de-là. Pour un panorama, pour un repas, pour une baignade, pour surfer sur la vague de Teahupo’o. Avec la montagne toujours à gauche et le lagon toujours à droite. C’est la saison des pluies alors la randonnée que l’on fait pour atteindre un point de vue se fait sous la pluie. C’est agréable et au moins pendant ce temps, on ne se fait pas dévorer par les moustiques. Cascades, souffleur, vagues à perte de vue, végétation luxuriante… Tout ce qu’une île a à offrir et qui fait tourner la tête des filles. Louise marche bien, encouragée par tout le monde, malgré la chaleur parfois accablante. Lucie profite du spectacle dans le porte-bébé, s’endort dans la voiture. Râle tout de même au bout d’un certain temps (faut pas exagérer). Il faut gérer les moments de sieste pour éviter de transformer l’enfant en Taz (vous savez le petit diable de Tasmanie dans le dessin animé) mais les choses fonctionnent globalement bien.

Le tour de l’île de Tahiti Nui se fait assez rapidement. En 2h sans embouteillage et sans arrêt. Nous, on navigue entre crabes, averses, soleil de plomb et cocotiers. On prend le temps de se poser près d’un Marae, grande plate-forme construite en pierres volcaniques, où se déroulaient les anciens cultes. On observe dans le jardin de plusieurs propriétés, un caveau familial. Ici, on enterre parfois les anciens chez soi.

Visite #3 – 5h sur le lagon

Sur un petit bateau à moteur, on passe une partie de la journée à naviguer sur le lagon. On visite plusieurs zones pour tenter de voir des tortues, puis des petits requins et des forêts de poissons. En fonction des zones où l’on plonge, l’eau est plus ou moins limpide, le sable plus ou moins blanc. Un Cessna échoué sous l’eau retient notre attention – et celle des poissons – et ceux qui le peuvent (pas moi), plongent en apnée tout au fond pour passer sous ses ailes. Sous l’eau, c’est une farandole de couleurs, un ballet savamment organisé que l’on regarde avec fascination.

Visite #3 – Escapade à Tetiaroa

Pour le coup, cette excursion ne peut pas se faire avec des enfants si jeunes (en dessous de 6 ans, c’est fichu). On laisse donc notre progéniture à Tata et Tonton pour partir pour 7h de bateau. Le trajet aller est très agréable. Assis en tailleur sur le pont, on a l’impression de dompter les vagues. Il fait gris, puis soleil, puis une pluie drue s’abat sur le catamaran. L’Atoll de Tetiaroa n’est pas habité. Il est occupé discrètement par un hôtel pour fortunés, le Brando. Et c’est tout. On ne peut pas aborder sur l’île alors on est débarqués sur un zodiac qui, aidé par les vagues, passe tout juste au dessus du récif. En maillot de bain et chaussures d’eau (pour éviter les piqûres fatales des poissons pierre), on longe toute une partie de l’île et on se dirige vers l’espace protégé sur lequel on n’a pas le droit de poser le pied : l’île aux oiseaux. On a le temps d’aller promener notre regard incrédule sur l’étroite bande de sable qui nous sert de plage temporaire. Les couleurs sont indescriptibles. Et la quiétude est à son paroxysme. On est loin de tout.

Visite #4 – Aller Retour à Moorea

A Moorea, après 45min de Ferry, on se laisse porter par l’île en suivant la côte. On se prélasse sous le soleil (hélas trop brûlant) de Temae, on admire les contours des baies de Cook et d’Opunohu qui donne à l’île cette forme si particulière (elle ressemble à un coeur), on lève les yeux surtout et on admire les reliefs escarpés et les pentes abruptes qui déchirent l’horizon. Fier, le mont Rotui se dresse entre les deux baies. Le lagon est étendu et splendide. Les filles ont pied sur des dizaines de mètres dans une eau cristalline où s’égaient des petits poissons. Et en deux coups de pagaie, Louise voit passer, totalement incrédule, des requins sous le kayak et de gigantesques raies. En admiration complète, ce tête-à-tête avec le monde sous-marin lui vaudra cette petite phrase : « C’est vraiment génial les vacances à Tahiti ».

Pour rendre le voyage encore plus magique, je n’ai pas pu m’en empêcher. J’ai trouvé un coquillage qui ressemble au « coeur de Tefiti » que Vaiana, dans le dessin animé, doit restituer afin de permettre aux îles de Polynésie, de continuer à vivre. Avant que Louise ne rentre d’une sortie Kayak, je l’ai plantée dans le sable afin qu’elle le trouve. C’est une petite fille totalement incrédule qui a donc ramassé le « Coeur » et qui avait ensuite pour mission de le rendre à Tefiti, au sommet de la Montagne Magique de Moorea. Prenant à coeur sa mission, elle a intégralement gravi la Montagne Magique (45mn de randonnée en montée) puis l’a déposé sur un cairn face à la montagne. Un chouette moment qui nous a tenu en haleine toute la semaine (et en plus finalement, Louise a pu garder le coquillage)

Nos deux semaines sont passées bien vite. Entre Noël, le Nouvel An, les visites et promenades, le temps a filé. Malgré tout, on peut le dire à la façon de Du Bellay : Heureuse qui comme Louise, a fait un beau voyage ! Lucie, pas en reste aura profité d’un environnement qu’elle ne connaissait pas encore : la plage, le sable, l’eau et la chaleur. Quant à nous, on se jure de revenir. Plus tard. Et un peu plus longtemps.

Bonne année à tous et à bientôt pour la suite,

C, G, L & L

Quelques réponses à vos commentaires
@ Fanny : Comme un air familier… tu m’étonnes. Merci de m’avoir permis de rencontrer ces gens Ô Dame aux Mojitos !
@ Sylvain : Et encore, tu n’a vu que la partie émergée de l’Iceberg !
@ Crys : Oui on a un faible pour la dernière aussi !

5 thoughts on “Chroniques d’Ailleurs #2 – Un récit des escapades de Louise et Lucie

  1. Les photos sont archi sublimes ! Ça donne envie d’ y aller ! Pour ma part je projette une escapade réunionnaise pour février chez ma copine Brigitte . À bientôt de te lire bises

  2. Ce fut tout de même bien dense pour ces 2 belles semaines ! Et tout le monde a bien suivi le rythme 😉
    Mais je suis d’accord qu’il faut revenir (parlez-en à Louise, elle ne serait pas difficile à convaincre, la valise bleue est déjà prête j’en suis sûre… ) il y a tant à découvrir !

  3. 1/ Merci de m’avoir permis d’apprendre le mot « Ataraxie »
    2/ Céline est-ce que tu pourrais parfois mettre au moins une photo où tu fais là gueule ? J’ai l’impression que tu t’es coincé la figure en mode bonheur (c’est chiant 🙂 )

    Super voyage visuel et littéraire. Ça fait du bien dans le climat breton de ce lundi matin.

    Bisous à vous 4

  4. Ouahhhh !!! Je n’ai pas d’autre mot. C’est magnifique, vous êtes tous MA-GNI-FI-QUES ! Les paysages sont ouffissimes, Lucie est à croquer (elle ressemble tellement à ton père, ton frère et toi je trouves 😃!) Louise a tellement grandi ! Vous êtes tellement mignons tous les 4 ! Bref, je suis en admiration, comme d’hab ! Pleins de bisous

  5. Si je ne m’abuse, vous aviez emmené Louise à la Réunion au même âge, non ? C’est devenu un rituel, l’immersion insulaire pour vos petites !!

    Merci pour ce carnet de voyage qui nous permet de découvrir un peu de la France du bout du monde. Les photos me rappellent avec nostalgie la Nouvelle-Calédonie.

    En tout cas tu me donnes envie de refaire un blog pour notre prochain voyage cet été !

    C’est chouette que vous ayez eu une journée en amoureux ♥, ça devait faire longtemps, non ?!

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