Un nouveau toit

Cette semaine, nous avons enfin eu du beau temps. Alors que la Californie connait son incroyable « Super Bloom » (la floraison de masse), le ciel s’est dégagé, les pluies ont cessé et les paysages reprennent des couleurs. Du vert rubis, du bleu azur, du jaune safran. Des arums pointent leur tête par centaines sur les collines verdoyantes de Sausalito. Comme au Japon, les cerisiers sont en fleur. Cela sent bon l’herbe fraîchement coupée et la rosée du matin. On revit (pas pour longtemps).

Un temps parfait pour refaire le toit en somme.

Après de nombreux atermoiements liés au temps tout à fait calamiteux, une fenêtre de 7 jours de beau temps se dessine. Brenda (notre propriétaire) n’est pas très loquace et nous recevons des informations par bribes. Nous apprenons du jour pour le lendemain que « cette semaine, les artisans viennent pour changer le toit ». On s’inquiète de la durée des travaux, du bruit et des nuisances éventuelles. Elle ne s’est pas renseignée, elle ne sait pas grand chose et nos questions semblent profondément l’ennuyer.

Les artisans arrivent mardi après un lundi très arrosé et, pendant que Louise et moi même coulons des jours heureux sur nos campus respectifs, Guy affronte l’Apocalypse. En arrachant le toit, les artisans ne font pas dans la dentelle : l’imposante grille en fer d’un aérateur au plafond tombe lourdement à coté de lui, de la poussière noire, grasse et épaisse recouvre bientôt d’une fine pellicule toute notre vie et des cascades d’eau coulent le long des murs de la cuisine. Une grosse pluie de mousson dégringole au milieu du salon, dans la salle de bain, dans la chambre (sur l’iPad) obligeant Guy à courir partout – une petite poupée dans les bras – armé de bassines, de serpillères et de serviettes. Il écrit à la propriétaire, invective un peu quand même les « artisans » qui se marrent puis finissent tout de même par descendre du toit pour venir lui filer un coup de main et tout éponger.

Toute la semaine, les coups raisonnent sur le toit, les odeurs de goudron se répandent dans la maison, ainsi que la poussière. Mais « hauts les coeurs », plus de fuite d’eau à l’horizon. J’enchaine les rencontres parents-professeurs qui, avec les conseils de classe, se sont étalés sur 5 semaines (!), m’obligeant à rentrer régulièrement tard à la maison. Le rythme de travail au lycée est à la limite de l’infernal et on nous transforme régulièrement en Stakhanov de la réunion : pour les rencontres avec les familles, les parents se succèdent ainsi toutes les 8 minutes précisément, pendant 4h30 (15h – 19h30). On virevolte entre les compliments pour le petit mignon de 6ème qui fait un 2ème trimestre impeccable, au grand rebelle de 4ème qui est en pleine adolescence ingrate et qui commence à être un peu pénible « mais il y a pire quand même », en passant par les incontournables conseils pour faire progresser le bambin. Un coup en français, un coup en anglais. Il y a ceux qui débordent de questions et vont au-delà du temps réglementaire, ceux qui n’ont pas rendez-vous mais viennent quand même, ceux qui ne comprennent pas lorsque je me lève de ma chaise pour les emmener gentiment vers la porte et qui continuent de me parler assis… C’est épuisant. Je prépare mon stage sur l’enseignement en contexte plurilingue qui se profile après les vacances (où, en lieu et place de nous apprendre des choses, on nous demande de produire des documents et autres vidéos pour les stagiaires suivants. Sic), je prépare le voyage scolaire qui se profile également après les vacances… tout cela en jonglant entre les 7 programmes différents en 2 langues que je dois assumer cette année (et les copies). On est tous un peu au bout du rouleau et la fatigue se fait sentir. Le moment idéal pour que Louise refasse une crise d’asthme gigantesque. Les yeux cerclés de cernes noires et de petits points rouges tant elle tousse, je l’emmène de nouveau chez le docteur où elle sera placée immédiatement sous respirateur. Elle est contente Louise. A chaque séance de nebulizer, elle se transformera désormais en Triceratops.

Au milieu de cette folie quotidienne, on se repose et on continue de se balader. Les derniers week-ends ont été riches : on se fait un resto juste tous les deux un soir, une pizza party chez un couple d’amis franco-américains (qui nous racontent leurs Mille et Une vies entre San Francisco, New York et Bordeaux), une balade au musée un matin… Nous avons découvert un fantastique Musée situé sur les Crissy Fields, consacré à Walt Disney. C’est un musée agréable grâce auquel on replonge dans notre enfance : d’Oswald the Lucky Rabbit à Mickey Mouse, de Steamboat Willy, à Blanche Neige en passant par Fantasia, Los tres Caballeros, les dessins animés de propagande de la Seconde guerre mondiale et le développement de la culture Disney et de sa commercialisation… à outrance.

La saison du hockey sur glace touche presque à sa fin… L’occasion d’aller assister à un Match des Sharks à San José à 1h30 de route de chez nous. Le match est incroyable, l’ambiance est dingue à l’instar des matchs de basket !

Et avec tout cela, j’ai tout de même réussi à préparer un examen que j’ai passé par visioconférence et les résultats viennent de tomber : me voilà fraîchement habilitée à enseigner l’Histoire des Arts au lycée !

Ce week-end, puisque Louise se remet tranquillement, repos complet. On profite des beaux jours pour se prélasser, manger des glaces et faire les sacs. Les vacances se profilent enfin. Elles seront comme à l’accoutumée, déconnectées : exit les réseaux sociaux, le téléphone vissé dans la main. On profitera simplement comme au bon vieux temps et on donnera des nouvelles dans 2 semaines. On décolle donc lundi pour aller prendre du repos, réaliser un rêve de jeunesse, et côtoyer le plus haut sommet du monde. Mais où va-t-on encore ? (A vos avis)

A dans 2 semaines,

Céline, Guy, L&L

Quelques réponses à vos commentaires :
@Nils&Léa : merci Nils !! Oui les temps sont un peu durs en ce moment niveau blog… mais je m’accroche ! 🙂 Je vous a pas mal suivi sur le votre, il faut que je m’y remette ! Bon concernant le Gewürtz…. faudra que je re-teste en France. Ils ajoutent du sucre ici alors c’était une horreur !
@Seb : merci beaucoup cousin ! On pensait s’en être sortis et finalement… non 🙂
@Fanny : Merci Fanny ! Je pense que ce hoodie va devenir mon pull fétiche 🙂 Je l’aime bien aussi 🙂

5 thoughts on “Un nouveau toit

  1. Hello Céline!
    Contente de te retrouver. Les filles ont bien grandi
    Profite bien de ton repos pour pouvoir te reconnecter
    Gros bisous à vous quatre

  2. Mais oui, où allez-vous vous promener cette fois ci ? 😉
    En tout cas, profitez bien de ce Spring break 😊 surtout après vos aventures avec votre maison qui prend l’eau ! ☔

    Parce que ça vient de se passer mais j’imagine que vous avez les news de France… On a tous le cœur un peu lourd depuis hier soir, une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a brûlé hier en fin de journée… 😣 Bien triste 😢

    Allez, on va terminer sur une note plus joyeuse… Louise va bientôt souffler ses 5 bougies 😋 🦄🌺 Ça pousse, ça pousse !

    Plein de bisous à tous les 4 😘

  3. Pour le Gewürtz no comment ^^

    Pour le toit non plus !!

    Pour le petit voyage en cours je crois que vous allez dans le dernier état à avoir intégré l’Union 😉
    Et pour la petite correction sémantique : vous n’allez pas côtoyer le plus haut sommet du monde mais le plus haut volcan 😉
    Et Guy ne va pas faire d’Ironman là bas ça c’est mon petit doigt qui me l’a dit ^^

  4. salut ma petite Céline!
    Que de péripétie, encore et toujours… je lis toujours des posts, un sourire en coin, et en imaginant les situations..
    Celui-ci est donc une histoire de toits…;) Je pense avoir trouvé votre destination, que la famille M&M’s a déjà visité, en s’enfilant peut-être un Magnum pour fêter ça…
    Félicitations pour cette nouvelle habilitation, qui vient donc compléter tes 7 niveaux en deux langues !!!! effectivement ça commence à faire du boulot tout ça…quand je pense qu’il y en a qui se plaignent avec 3 niveaux…
    Bon courage donc et au plaisir.
    Je vous embrasse tous les 4.
    Manu

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