S’échapper d’Alcatraz

Il y a maintenant près d’1 an, Guy a participé – sans y croire – au tirage au sort pour avoir la chance de courir une course incroyable : Escape from Alcatraz. Je vous en ai déjà parlé. Une course iconique, un triathlon grandeur nature. Il s’agit de sauter d’un bateau sur les rives d’Alcatraz. Traverser la baie à la nage, s’échouer sur la plage, courir pieds-nus 800m, enlever sa combi. et se débarrasser des éventuels phoques encore accrochés dans le dos, chausser des godasses, prendre un vélo, faire tout un tour de la ville, puis revenir sur la plage, balancer son vélo et partir pour un autre tour de la ville.

Certaines personnes attendent des années avant de voir leur nom être tiré au sort. Et bien Guy a été sélectionné tout de suite. Un coup de chance à 800$ tout de même. Oui, 800$. Le coût de la participation dont il a fallu s’acquitter. Aïe. Mais l’occasion est unique et la course incroyable. Depuis plusieurs mois, nous organisons donc l’emploi du temps de nos semaines en fonction des entraînements. Nager, courir, rouler. Levés à 5h, sorties du soir, repas particuliers…

Allez, je passe le clavier à Guy (ou plutôt il parle et j’écris).

Dimanche 9 juin, 3h30 du matin. Je prends un petit déjeuner bien blindé pour tenir le coup (à chaque fois je manque de jus) : oeufs, bananes, pâtes et beaucoup, beaucoup d’eau. J’ai vérifié 15 fois mon sac , le stress monte un peu tout de même mais paradoxalement, je me sens bien. Sans pression. Je pars fatigué, la nuit n’a pas été bonne, les températures sont incroyablement élevées. 4h15, le Lyft arrive. Je veux être tôt dans la zone de transition pour installer mon matériel, aller aux toilettes. J’arrive à Marina Green puis un bus nous emmène au Pier 3 pour prendre un bateau. L’atmosphère est hyper bruyante et fatigante. Les gens évacuent leur stress en parlant. Beaucoup trop. Du coup l’atmosphère n’est pas très sereine. Je ferme les yeux, je me détends et essaie de me calmer. Le bus se gare au Pier 3 et je ne suis pas hyper serein : je n’ai toujours pas mon bonnet, ils n’en ont plus et m’en filent un rose pour les femmes. Tant pis ! Je monte sur le bateau. Voilà maintenant c’est officiel, c’est trop tard, je ne peux plus reculer, la pression monte d’un cran. Il va falloir sauter ! Mais j’essaie de prendre du recul et de garder le plaisir en ligne de mire. Sur le bateau, le bordel est de mise : un brouhaha incroyable, les gens sont installés partout à même le sol. Les derniers montent à 6h40 puis les moteurs se mettent en route et on applaudit tous. Autour de moi, il y a de tout : des gens très affûtés (des champions olympiques), d’autres qui ont certainement eu de la chance au tirage au sort et semblent découvrir la discipline. Y’a des jeunes, des amateurs, beaucoup de femmes, des gens à qui il manque un bras, une jambe… et puis beaucoup de professionnels. C’est la course qu’ils veulent tous faire car c’est une des plus iconiques des triathlons du monde entier. Je prends la mesure de l’évènement et leur présence lui donne encore plus de valeur. Je vais participer à une competition avec des sportifs de haut niveau ! Andy Potts, champion du monde d’IronMan, sextuple champion d’Alcatraz… est venu tout simplement s’installer parmi nous délaissant un temps la section « réservée » aux pros. Sympa de voir un professionnel accessible, tout en humilité qui s’adosse au bastingage comme les autres. Comme si de rien n’était. La traversée est très rapide. A peine le temps de s’asseoir, Alcatraz est déjà là. Je m’imaginais Alcatraz loin, très loin de la côte et puis finalement pas tant que ça… Un homme vient refaire un briefing pour nous dire qu’il y a des dauphins et que c’est bon signe : le courant n’est pas trop important. Je jauge la hauteur du bateau. Ça va, c’est pas très haut, ce sera pas un saut de l’ange. 2m tout au plus. Je sympathise avec les voisins. Puis je me rends compte qu’on est pas du bon côté. On sautera en dernier. Des jet skis se placent tout autour du bateau : ils vont nous accompagner et nous sécuriser. Ils saluent la foule et sont prêts. Je mets mes boule Quiès, le bruit est intenable : j’ai besoin de m’isoler un peu. Et puis à quelques minutes de sauter, l’ambiance retombe et se calme. Avant la tempête certainement. C’est un moment qu’on apprécie tous. Je reste positif, ça va le faire. L’Hymne américain retentit et le moment est au recueillement. Je pense à ma petite américaine (d’ailleurs je cours sous les couleurs américaines). Tout le monde applaudit et… c’est parti. Engorgement sur le bateau, on piétine un peu puis en 5mn, on est au bord de l’eau. Le mec devant moi hésite. Allez on y va monsieur, on est prêts ! Je saute. Le choc est atténué par mes heures d’entraînement dans la baie. Par contre rien à voir avec le calme plat de Sausalito : il faut gérer le chemin, y’a des vagues, je me sens chahuté et je ne sais pas où je suis. Surtout j’ai l’impression de stagner. Je reprends mon souffle, je me retourne pour être sûr de la direction puis je traverse le plus droit possible pour pas être déporté par les courants. Je me retrouve seul, un kayak me recadre en me disant d’aller plus vers la droite. Les 25 premières minutes ont été dures psychologiquement. Je me dis que je ne vais jamais y arriver et puis… très vite je vois les gens. Ça me booste. 34min, je touche la plage. C’est délirant, j’ai fait le plus dur. Le reste, je maîtrise. Je trottine et j’enlève ma combi. puis je vois mes supporters (ndlr : Céline, Louise, Lucie et Michael). Ça me relance. Je récupère mon sac, j’enlève ma combi. sans difficulté, puis j’enfile mes chaussures et je cours vers mon vélo 800m plus loin. Je prends le temps, je mets des chaussettes, mes gants de vélo, je m’hydrate et je mange un peu. Je suis bien. Je revois mes supporters (ndlr Cynthia, Matthieu, Justine, Mark, Kara et les autres). J’ai des jambes, j’ai la banane et je profite du moment. Le fait que San Francisco soit mon terrain de jeu depuis deux ans m’aide énormément : je connais par coeur. Je double en masse malgré le fait que je n’ai pas de vélo de course. Je sais ou se terminent les côtes, je peux tout anticiper ce qui me permet de gérer mon effort. La descente sur Ocean Beach à 50km/h est incroyable. Les pros sont de vrais avions de chasse. Au parc a vélo pour la dernière transition je me rends compte que je n’ai mis qu’1h45 pour le moment et il ne reste que la course. Pour la dernière épreuve, les jambes sont un peu ankylosées : je me relaxe et prends une allure d’endurance. C’est dur : sur les sand ladder (échelles de sable) je suis obligé de marcher. Les 4 derniers km sont terribles : plat sous un cagnard incroyable alors que c’est la partie la plus facile. Beaucoup marchent. Et puis enfin, je traverse la ligne d’arrivée ! Andy Potts me met la médaille autour du cou. Je tourne 5mn pour me calmer, reprendre mon souffle. C’est fait. Je suis heureux et j’ai profité de la course. On me grave immédiatement ma médaille, je profite de l’incroyable buffet qui est offert et je constate mon temps : 2h55, 306ème sur 1726. Je me suis échappé d’Alcatraz.

Guy (et C, L&L)

PS: Et puis sinon, après les festivités pour la 1ère bougie de Lucie, nous avons encore vécu un riche week-end marqué par la visite du Zoo d’Oakland, première rencontre avec d’étranges animaux pour Lucie. Nous avons été également nous perdre dans les vignes de Sonoma pour fêter l’anniversaire des jumelles Charlotte et Olivia dans leur ranch de leur célèbre maman. Et puis nous avons organisé un « garage sale » à la maison pour vendre pas mal de choses. Le succès a été au rendez-vous (sic) : pas une seule personne n’est venue. Alors que le chaland avait été dument appâté sur différentes plateformes, que de jolies pancartes avaient été placées pour indiquer le chemin, pas un chat le jour J. Déconfiture et bide ultime. On adore !

Quelques réponses à vos commentaires
@Cécile: Oui nous aussi on a l’impression d’être là depuis une éternité ! Sûrement le côté « vie à 100 à l’heure »… !
@Lud : Ramen un jour…. Ramen toujours !
@Smecta : Comment ne pas te reconnaître ? Salinger, il ne faut rien exagérer ma chère. Mais je prends le compliment avec plaisir !
@Colette: Vous faites partie de ce blog depuis le début en plus (Malaisie 2008). Quel plaisir de vous avoir avec nous !
@Seb: Oui déjà la fin… ! On ne sait pas encore quelle nouvelle saison nous attend. On verra au fur et à mesure mais on adorerait oui !

10 thoughts on “S’échapper d’Alcatraz

  1. Hourra pour Guy ! Jolie performance ! Et j’ai hâte de vous retrouver, rendez-vous dans………… bientôt ! Mille bisous à vous quatre !

    1. C’est unique ce que tu as vécu Guy et super intense ! Ben je pense que va refaire des triathlons…
      j’ai hâte de vous voir et de rencontrer Lucie. Elle a déjà bien grandi 😌 je vous embrasse tous les 4 🥰❤️Valérie.

  2. Bravo Guy!!!
    Tu es un athlète accompli de triathlon.
    Bon anniversaire à Lucie
    Bonne fête et Gros bisous à vous 4

  3. Waouh! Je n’ai qu’un mot à dire « respect » !
    Plein de bisous à tous les 4 😘😘😘😘

    PS, bon courage pour votre « garage sale »! 😉 Punaise, le temps passe très vite…

  4. J’oubliais… Je suis totalement fan de la photo de Lucie qui prend ses aises sur le coussin… du chien !!! 🐶🐕
    Tranquille ! 😂😂😂

  5. Genial cette course !!!! (Sans compter la performance, yeah !!!).
    Petit coup de coeur pour la photo de Lucie avec son ardoise « 12 mois » looool.

  6. Superbe Alcatraz, on a suivit la course en direct… d’internet et de ta puce qui nous montrait ton évolution ! On a eu peur avec les sand ladder mais au final quel beau chrono et quelle belle position ! Une expérience probablement inoubliable dans ta chronologie sportive 😉
    P.S : sans parler de la Double Dipsea qui a suivit deux semaines après !

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