Road trip en Grèce continentale (Juillet et Août 2012)

Sud du Péloponnèse, frontière du Magne – juillet et août 2012

31 juillet 2012

Cela fait des jours que l’on roule dans ces contrées arides. La voiture tient le choc malgré les températures record. Chaque virage soulève des tonnes de poussière tandis que le soleil frappe dur sur la carrosserie. Les fenêtres grandes ouvertes, casquettes et lunettes bien accrochées, on scrute la route. On a longtemps hésité à prendre le bus pour faire le tour des « trois doigts » du Péloponnèse. Finalement, la voiture nous permet d’explorer des espaces qui nous seraient restés inaccessibles. Elle nous permet surtout d’emporter des dizaines de litres d’eau achetés à Carrefour à Athènes, quelques gâteaux et des melons jaunes qui roulent dans le coffre.

IMGP1287Ret1On a pris la route sans savoir où aller. On a commencé par viser Monemvasia, le rocher qui surplombe magistralement la Mer Egée. Et au détour de quelques virages, on s’est arrêtés chez Zachos, qui nous a accueillis à bras ouverts avec deux bouteilles d’eau bien fraîche. Puis les arrêts s’enchainent, au gré des envies. Les panneaux indiquent des destinations qui – une fois déchiffrées – sonnent bien à nos oreilles : Kokkala, Porto Kagio[1], Vathia, Gerolimenas ou encore Moundanistika.

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Au terme d’une route sans fin, en lacet dans un paysage de collines sèches et désolées, on finit par atteindre une arrête en haut d’un à pic rocheux. C’est une vision étrange que ce village couleur ocre posé comme à cheval sur cette arrête. Moundanistika. On devine quelques tours carrées typiques du Magne et des maisons. On s’arrête mais il n’y a pas âme qui vive. On dirait presque un village fantôme. Au détour d’une ruelle, un rideau se soulève et se ferme subrepticement. Quelqu’un nous regarde par la fenêtre et nous adresse un signe amical de la main. On se promène quelques instants, on admire les tours et on goûte surtout à la sérénité du village. Un air pur, pas un seul bruit. Pas même un chien qui aboie. Quelques chats se faufilent entre les maisons. On retourne vers la voiture et on repart par le même chemin. Il n’y a qu’une route qui mène à Moundanistika. Un chemin de cailloux et de poussière rarement emprunté. Un bout du monde.

1er août 2012

On se dirige vers Olympie avec un mélange d’excitation et de frénésie. J’y suis déjà allée il y a bien longtemps en voyage scolaire. Mais pas moyen de me souvenir précisément de tout ce que j’ai vu. On sait ce que sont les voyages scolaires. On a beau aimer l’histoire, ces voyages servent surtout à vivre de bons moments avec ses camarades. Mr Seiler était notre prof de latin en 4ème. Sa blague favorite pendant tout le voyage ? « On va prendre le Pullman[2]… hein Céline ? ».

IMGP1564retOn vise donc Olympie. Sur la route, Guy épluche guides et cartes et décide qu’on fera un arrêt à Ithomi. Ithomi ne figure pas sur les cartes. Ou alors en tout petit. Mais il y a un site archéologique que Guy veut absolument voir. Ithomi, c’est l’ancienne Méssène. On pourra y voir une agora, un stade, un temple d’Asklépion entre autres. On trouve sans peine le site après avoir traversé des paysages somptueux par des petits chemins de traverse. On se gare à l’ombre puis on entre sur le site. Personne.

IMGP1675On est seuls avec les vestiges. On se promène tranquillement entre le théâtre et l’agora lorsqu’une cellule orageuse gigantesque s’abat sur nous. On trouve refuge sous un abri d’archéologue et surprise, nous ne sommes pas seuls. Deux autres couples sont là aussi. L’orage est intense et se transforme bientôt en violente averse de grêle. La tôle nous abrite parfaitement. Tout autour de nous sur le site, des éclairs prodigieux s’abattent dans un fracas effroyable. Le spectacle est fabuleux et le bruit assourdissant. A trois reprises, la foudre s’abat non loin de nous et on reste interdits face à ce déchainement de puissance. Le ciel est devenu noir et nous restons un peu plus d’une heure assis sur des morceaux de colonnes antiques, à refaire le monde. Une fois l’orage passé, on termine la visite – parfaitement seuls au monde – puis on reprend la voiture.

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Nous ne savions pas alors que nous allions nous déplacer avec l’orage. Au lieu de prendre une route directe vers Olympie, on passe par de petites routes de montagne. Plus on monte, plus l’orage se fait menaçant et gronde au-dessus de nos têtes. On est complètement perdus et bientôt, on ne voit plus rien tant le ciel s’est assombri. On poursuit tant bien que mal, essuie-glaces en position « à fond » sur notre petite piste pas plus large qu’une voiture, qui alterne terre et goudron. On effectue plusieurs demi-tours (dont un sur le toit d’une maison). Un troupeau de mouton pas plus perturbé que ça nous barre la route. On traverse des villages et enfin, nous atteignons le sommet et commençons à redescendre. C’est avec un soulagement à peine dissimulé que nous regardons dans les rétroviseurs l’orage s’acharner sur les arbres en haut de la montagne. Le soleil est de retour. On s’arrête dans les champs de pêche qui s’étendent à l’infini et bientôt, Olympie est en vue.

7 août 2012

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La brume qui s’élève en fin de journée des pierres des Météores chauffées par le soleil offre un spectacle splendide. On s’arrête en haut de ces étonnants pitons rocheux pour observer le coucher du soleil. La lumière baisse tandis que monte l’obscurité et la scène semble s’inscrire dans l’éternité. Un tableau de maître. On ne se lasse pas de la vision de ces petites églises orthodoxes accrochées à la montagne. Et on se prend à repenser aux fresques éternelles qui ont été peintes à l’intérieur. 3 jours de visite ne semblent pas assez.

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Pourtant, la route nous appelle de nouveau. Là-haut, plus au nord, non loin de la frontière macédonienne, gît un tombeau. Celui de Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand. On fait de nouveau le plein de courses au Lidl du coin, on s’achète quelques melons et on se met en route pour Vergina.

Vergina, c’est une petite bourgade verte entourée de Tumuli où peu de gens passe. Comme à l’accoutumée, on frappe à la première porte et on voit s’il y a une chambre de libre. Ici, pas de soucis, comme dans le Magne. On est bien loin des circuits touristiques. Une feta et quelques olives plus tard, on se met en route, à pied, vers le tumulus qui abrite le tombeau de Philippe II. Sous le tumulus, des fouilles ont mis à jour d’autres tombes que l’on peut observer. Des panneaux explicatifs très bien faits présentent les éléments fantastiques qui ont été découverts, des couronnes et autres objets régaliens. Une énorme porte dans un coin semble s’ouvrir sur rien. On s’approche et un panneau indique la tombe que l’on cherche. On descend plus loin sous terre grâce à une volée de marches et tout en bas, une vision magnifique, d’un autre âge. Une énorme porte, flanquée de colonnes doriques et d’une fresque peu épargnée par le temps. Des gravats et le silence. On est pris de vertiges devant la beauté et la sérénité de l’endroit. Ici, au IVe siècle avant notre ère, les portes se sont refermées sur la dépouille d’un des plus grands rois de Macédoine.

FullSizeRenderOn s’installe tous les deux sur les marches pour regarder Alexandre et son père en train de chasser. Comme les photos sont interdites, j’esquisse un petit croquis dans notre Blackbook[3]. L’occasion pour moi de me rendre compte (avec l’aide de Guy) que je ne sais pas dessiner. Mais ce sera un souvenir unique.

Céline

[1] Littéralement, « Port aux cailles »

[2] Le Pullman en Grèce – et peut-être ailleurs -, désigne un car.

[3] Notre Moleskine à couverture noire qui nous accompagne à chacun de nos voyages.

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