92 degrés dans les vignes

Il y a quelques semaines, quand nous avons pris nos billets, nous avons cherché le moyen pour Louise de redonner un coup de fouet à son anglais et à son accent. Les séances une fois par semaine avec nos babysitters irlandaises ont permis de maintenir le niveau, mais rien de tel qu’un vrai bain linguistique pour remettre tout cela à flot. Chris – papa de Quinn – s’est gentiment proposé pour nous aider à l’inscrire dans le même Summer Camp que sa fille. L’arrivée d’une foreign student (*étudiante étrangère) est un évènement dans la petite ville de Napa et avant de donner son accord, l’école luthérienne St John a du s’assurer auprès du Comté que cela était possible en raison de la pandémie. Le Comté a dit oui à condition qu’un test négatif soit présenté. C’est chose faite (il faudrait que l’on vous raconte le test PCR ici : un tour de manège par rapport au remue-ménage oculaire auquel on a le droit en France. On en re-demenderait presque !) et le 2 août, Louise se présente à la porte de l’école avec une foultitude d’autres enfants prêts à en découdre.

Le Summer Camp est sur le thème de Charlie et la Chocolaterie version 1971. Un film qui a fait un carton ici et que tout le monde connaît par cœur. L’objectif est très simple : rejouer le film en version Comédie Musicale. Et on ne plaisante pas. Un casting a eu lieu, le script a été envoyé et les chansons réparties afin que les enfants puissent commencer à écouter les chansons, voire à les apprendre. Louise et Quinn sont trop jeunes pour avoir un rôle majeur (1st et 2nd grade), elles feront donc partie des groupes des Squirrels (*écureuils) ou des Oompa Loompas. Je peux vous dire que si cela ne tenait qu’à moi, je monterais sur scène également pour chanter : à force de répétitions à la maison, je connais les chansons par cœur. Bref. Au moment où j’écris ces lignes je ne sais pas trop ce qui se passe au Summer Camp : Louise et Quinn reviennent ravies, chantent les chansons à tue-tête dans la voiture sous les yeux étonnés de la petite sœur qui vient généralement de terminer sa sieste. Les lunch boxes sont vides et les petites dorment à poings fermés assez tôt le soir.

C’est alors à trois avec Lucie que nous avons entrepris la visite des vallées de Napa et de Sonoma. Étant en charge du pick-up des deux Oompa Loompas à 15h30 (et l’école facturant 1$ par minute de retard), on tient à être pile à l’heure voire un peu en avance. Alors pour déjouer les bouchons monstres qui saturent le nord de la Baie, on décide de ne pas s’éloigner à plus d’une heure de voiture au Nord de Napa. On a évidemment profité du coin pour visiter quelques vignobles. Les deux qui ont retenu notre attention sont un château médiéval entièrement reconstitué et surtout un palace persan en pierres véritables. Darioush est un magnat iranien installé depuis des années dans la Baie. Il achète des hectares dans la Napa Valley puis décide de démarrer une exploitation à partir de 1997. Pour donner à son vignoble un lustre incroyable, il fait extraire en Iran dans les carrières qui jadis avaient fourni les pierres pour Persépolis d’énormes colonnes. Celles-ci sont sculptées en Italie sur le modèle du palais de Darius Ier (avec les taureaux à cornes d’or en guise de chapiteau) avant d’être expédiées par bateau jusqu’ici. Le coût de la construction de ce petit palais doit se chiffrer en millions ! La dame avec laquelle je discute me raconte le drame des incendies de 2017 auxquels nous avions été confrontés : le palais de Darioush s’en est tiré de justesse et quelques palmiers seulement ont été brûlés tandis que l’exploitation voisine est – elle – totalement partie en fumée.

Les Comtés de Napa et de Sonoma sont aussi renommés pour leurs phénomènes volcaniques et leurs activités géothermiques. On retourne voir le geyser – qui laisse Lucie tout à fait interloquée – et on profite cette-fois ci de notre présence dans le coin pour aller se baigner dans des sources d’eau thermales. Les Warm springs de Morton nous ouvrent grand les bras : 3 bassins ont été aménagés et l’eau, à l’ombre de gigantesques palmiers, est délicieusement tiède. On peut pique-niquer sur place et le petit café 108° sert même une des spécialités – si ce n’est LA spécialité – préférée de Guy : le Ice-cream sandwich. Une boule de glace vanille coincée ici entre deux Oatmeal cookies à la cannelle. Un régal !

Un peu plus au Nord de Sonoma, se trouve le ranch de Jack London, son cottage, les ruines de sa « Dream House » et son lieu de sépulture. Mort à 40 ans, cet écrivain prolifique a eu des centaines de vies entre la publication de ses incroyables romans à succès. On découvre un pan de sa vie que l’on ne connaissait absolument pas : en dehors de ses romans, de ses voyages, de ses reportages sur les fronts de guerre, Jack London a été également pionnier dans le domaine agricole. Voulant très tôt se débarrasser des fertilisants industriels, il commence à poser les jalons d’une agriculture biologique qui est devenue depuis lui, la signature de toute une région. Respectueuse en eau, vertueuse et de saison, l’agriculture qu’il développe est novatrice mais il n’a pas le temps d’aller au bout de ses idées, emporté très jeune par une insuffisance rénale largement générée par un mode de vie peu sain et des traitements au mercure. Le petit musée créé dans la maison construite par Charmian – son épouse – juste après sa mort est à la fois simple, beau et assez émouvant. La muséographie nous surprend par sa richesse et sa justesse et la collection tant d’artefacts polynésiens que de manuscrits uniques au monde est très fastueuse. L’ensemble est un véritable petit bijou serti dans un écrin de redwoods séculaires.

Un dernier arrêt nous emmène vers une petite curiosité locale du côté de Sonoma : Traintown. Un genre de petit parc d’attraction miniature comportant uniquement 6 manèges. La particularité ? On dirait une fête foraine gelée dans le temps : en allant de manège en manège, on se promène dans les années 50, date à laquelle le parc a été mis en place. L’entrée est totalement gratuite et on paie $2,75 pour chaque attraction. Une petite promenade sympa en train nous fait faire tout le tour du parc puis Lucie se régale de roller coasters, carrousels et autre petits avions. Sensations garanties (pour les moins de 10 ans) !

Vendredi, au terme de cette folle semaine de visites et de répétitions, c’était le grand jour pour Louise. Nous avons assisté au Musical Charlie and the chocolate factory d’après le film éponyme de 1971. Ce que les trois directrices ont réussi à faire en 5 jours avec une cinquantaine d’élèves est assez incroyable. A faire pâlir la prof que je suis ! Il faut dire que les élèves se sont tous très engagés et investis dans le projet (et puis il y a cette culture de l’oral, du spectacle que nous n’avons pas chez nous) : le décor a été créé par eux, ils ont appris les chansons, les chorégraphies, les dialogues, des costumes ont été faits, les placements sur scène sont su au millimètre, les jeux de lumière sont maîtrisés. Ils ont même réussi à intégrer un effet spécial faisant gonfler une actrice comme dans le film, après qu’elle ait tenté de mâcher une chewing-gum mal mis au point. Louise est toute fière au milieu de la grande troupe d’enfants et entonne les 4 chants qu’elle a appris. On découvre les petites chorégraphies avec plaisir. Les plus grands – qui ont obtenu les rôles principaux – sont assez bluffants et chantent avec une aisance merveilleuse. Quant à Lucie, même après la fin de la comédie musicale, elle en redemande (il faut dire qu’elle aussi connaissait les chansons par cœur) ! La troupe est applaudie avec beaucoup d’entrain (oui, je sais : il n’y a que les parents dans la salle alors on ne peut qu’applaudir avec entrain) et Quinn et Louise reçoivent de la part de Chris et Karin des fleurs. Comme de vraies actrices.

On a passé le reste de l’après-midi avec eux, « hanging out » à Sonoma sur la place centrale. Allongés dans l’herbe sous le ciel bleu de Californie, à siroter des margaritas bien frais tout en partageant « a bunch of nachos ». Un must.

Demain, on quitte la baie pour un road trip de 10 jours. On vous raconte tout ça la semaine prochaine !

C, G, L&L

Quelques réponses à vos commentaires :

@Pierre : pas de souci pour un reportage Montreuil dès qu’on y passe 😉 Tu as raison, grosse erreur mathématique dans le texte ! Quand je pense que j’ai un comité de lecture scientifique qui n’a pas du tout fait attention… 😉

@Sébastien : Salut toi ! La situation est la même qu’en France à priori, pas fantastique. Mais ici les grands espaces permettent de se promener assez facilement sans masques. La vaccination progresse : on tient le bon bout !

@Palla: On a fait des photos canons pour vous. On vous envoie ça très bientôt !

@Pouloute1252 : Je me demande bien qui se cache derrière cet incroyable pseudo mystérieux. 🙂 D’incroyables souvenirs ici en effet, dont pas mal partagés avec toi !

@Evelyne : merci pour tes messages Evelyne ! On passe de supers moments et on est ravis que tu nous lises 🙂

@Josiane : Les photos doivent te rappeler de bons souvenirs ! On t’embrasse !

@Fabienne : On t’envoie des bisous ! On est retournés là où on avait mangé nos glaces à Sausalito 🙂

@Manue : We did it ! Pas sans peine mais bon… ça valait le coup !

4 thoughts on “92 degrés dans les vignes

  1. Que d’aventures ! Louise et Lucie font le plein de souvenirs et d’histoires à raconter (et que j’ai hâte d’entendre ! 😍). Félicitations à l’actrice/chanteuse en herbe pour sa prestation, mamie est très fière d’elle 🤩 ! Bonne route pour votre road trip et bonnes découvertes en famille. Bisous à vous quatre ! 😘😘😘😘

  2. Quel plaisir de lire l’aventure de votre nouvelle semaine. Bravo a Louise pour ses talents d’actrice et de chanteuse. Lucie a un bon exemple pour suivre dans un futur proche. Bonne semaine et a bientôt pour la suite de vos aventures. Je vous embrasse tous les 4.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *