Premiers pas en Asie – Kuala Lumpur, juillet 2008

Lundi 28 juillet 2008, 15h45 heure locale.

Nous allons atterrir à Kuala Lumpur. C’est notre premier voyage en Asie. Alors que l’avion sort son train d’atterrissage, je regarde des plantations de palmier à huile défiler à perte de vue. Tout est vert émeraude. On survole quelques bras de rivière à l’eau marron boueuse tandis qu’une furtive bouffée d’angoisse s’empare de moi. C’est notre premier voyage en Asie. Va-t-on réussir à se débrouiller seuls ?

Tout est neuf, tout est différent. Nos sens sont en alerte. On sent pour la première fois l’odeur persistante du durian, on se confronte aux premiers food stall[1]. On est très excités par tout ce qu’on voit. On veut tout voir, tout goûter, tout essayer. Quelque peu ralentis par nos valises gigantesques (mais qu’est-ce qui nous a pris de partir avec deux si grosses valises ?), on met un temps fou à trouver notre auberge de jeunesse. Un dédale de rue, des klaxons, des scooters, des trottoirs défoncés (la valise roule mal sur un trottoir défoncé, évidemment), une jungle de bruits, des nouvelles odeurs et surtout, la chaleur et l’humidité sont au rendez-vous et brouillent notre sens de l’orientation.

On se sent complètement novices, mais on a envie de prendre ce pays à bras le corps. C’est notre premier voyage en Asie alors on a fait appel à une agence pour certains transferts et certaines réservations. L’expérience nous apprendra plus tard que tout faire « sur le tas », au fur et à mesure, est bien plus enrichissant et garanti son lot d’adrénaline. Rien de ce qu’on a pris avec nous n’est adapté au voyage. On s’en rend compte au fur et à mesure : des tongs en plastique peu robustes et qui blessent les pieds, des sacs de cours déformés et sans maintiens en guise de sac à dos, d’énormes chaussures de running, des vêtements épais bien trop chauds et qui sèchent mal et surtout, ces satanées valises.

On perd nos repères d’occidentaux et c’est la première fois que cela nous arrive. On ne sait pas encore alors que nous allons passer les années suivantes à n’avoir de cesse de vouloir les perdre. Pour le moment, on repère un Burger King qui nous rassure et on fonce s’y restaurer. On ne connaît rien de cette ville, si ce n’est les Petronas Towers. On ne connaît rien de ce pays, mais on a soif de découvertes.

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On fait nos premières rencontres avec les malais et on prend nos premiers shots d’adrénaline : on a pris le bus pour aller aux Batu Caves en banlieue de Kuala Lumpur…. ! Pour des novices, on se débrouille pas mal. Il semblerait qu’on ne naisse pas voyageur, mais qu’on le devienne. On apprend vite. Les Batu Caves sont notre premier contact avec l’art et la dévotion asiatique. Des grottes gigantesques et somptueuses qui abritent des statues et forment un lieu de pèlerinage. On se précipite, on avale les 272 marches étroites qui nous séparent de l’entrée de la grotte et on commence la visite, haletants et suants.

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Les grottes nous réservent une belle surprise : des centaines de singes déambulent librement partout. Très mignons (« une vision d’Occidentale » dirait Docteur Pujol[2]), ils se laissent photographier et approcher aisément. On est aux anges. Et on commet alors une erreur qui aurait pu être fatale. Partis sans prendre de petit déjeuner, on sort un paquet de M&m’s que l’on commence à déguster tout en regardant les singes. Il ne faut pas quelques minutes pour qu’un énorme macaque remarque notre manège, me saute dessus, morde le sachet et ma main pour avoir sa part du butin. Tout va très vite, je me débats, les M&m’s tombent au sol et le singe courre les attraper. On en rigole sur le coup. « C’est fou, quels gourmands ! ». Mais aujourd’hui, une telle mésaventure nous aurait rappelés au « bon » souvenir du Docteur Pujol.

Quelques 170km au Sud de Kulala Lumpur, se trouve la ville de Malacca, ancien prestigieux comptoir portugais. On a réservé un des plus beaux hôtels de la ville parce que –pense-t-on, on est quand même en lune de miel. On ne va pas se contenter d’auberges de jeunesse tout de même. La ville nous plaît très vite. On prend un trishaw et l’on découvre les abords de cette charmante bourgade de province. On commence à se frotter à la cuisine locale en dégustant un Baba Nyongnya, et on aperçoit nos premiers varans nageant joyeusement dans la rivière Melaka. Tout ici nous plait.

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Les cultures se mélangent, les cuisines sont savoureuses et l’Histoire est dense. Aveuglément guidés par notre Guide du Routard dont on ne se défait pas, on entre dans un restaurant indien, le « Banana Leaf[3] ». C’est une petite bicoque qui ne paie pas de mine et dans laquelle, comme son nom l’indique, on mange dans des feuilles de banane. Tout est végétarien et comme on ne comprend pas ce que dit le serveur, on se fait servir d’un peu tout. A la louchée, comme à la cantine. Et on mange joyeusement avec les doigts.

Un début de tourista plus tard (on en verra d’autres par la suite), nous voyons pour la première fois des temples asiatiques. Ici, les temples on parfois la particularité d’accueillir des mosquées[4]. Ce mélange est très intéressant. On se faufile, on ôte nos chaussures et pieds nus, on se fond dans la foule, happés par les fumées d’encens qui confèrent à l’ensemble une sensation d’éternité. Nous sommes le 1er août 2008 et ce soir, Malacca sera sacrée Patrimoine Mondial de l’Humanité.

Chose qu’on ne fera plus par la suite, on s’est accordés une journée « off ». Une grasse matinée et des films. Sacrilège ai-je envie de dire en écrivant ces lignes. Mais on débutait alors. Notre rencontre avec l’Asie, c’est aussi celle des contrefaçons. Au Night’s Market de Malacca, on a pas pu résister à la tentation d’acheter des Ray ban et des Birkenstock pour quelques poignées de centimes. Ces achats me déclencheront une suée magistrale à la douane de Schipol[5] quelques semaines plus tard. On ne m’y reprendra plus.

[1] Petits étals de rue où l’on peut manger pour quelques pièces.

[2] Le Docteur Pujol est le médecin que j’ai dû consulter aux urgences de l’institut Pasteur à Paris, 3 mois après avoir été griffée au sang par un chaton sur les bords du Nil à Louxor. Il en avait profité pour nous faire la morale (qui était nécessaire) quant à notre méconnaissance affligeante des dangers de la rage.

[3] Littéralement « la feuille de banane »

[4] La mosquée Kampoong Kling

[5] L’aéroport d’Amsterdam

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