Kyloe à Skye – Avril 2015

Cela fait 3 jours que nous avons atterri à Glasgow.

De la ville, nous n’avons strictement rien vu si ce n’est la banlieue grise et encombrée. On a fait un arrêt au stand au Morrison’s du coin et on a pris le large vers les Highlands. Nous n’avons qu’une petite semaine devant nous et beaucoup d’images en tête. On veut voir la somptueuse vallée de Glencoe, rencontrer les vaches « cheveux-au-vent » de Skye et scruter le Loch Ness pendant des heures pour voir si – d’aventure – un mouvement suspect relancerait le mythe.

On a décidé que nous ne ferions que de la randonnée.

Mercredi 22 avril

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Nous garons la voiture dans l’immense vallée de Glencoe à la recherche de « La vallée perdue[1] ». Une vallée peu connue emboitée dans le gigantesque Glen Coe, qui serait le résultat d’un effondrement survenu il y a des milliers d’années. On harnache solidement le petit monstre endormi dans le porte bébé et on se lance à l’assaut de cette vallée dont personne ne parle. Il n’y a pas de repères, on avance un peu au hasard en suivant un chemin qui nous semblait sympathique. Il fait exceptionnellement beau et très chaud et très vite, après avoir traversé une petite forêt, on arrive sur l’un de ces fameux portails en bois que l’on doit toujours prendre soin de refermer derrière soi. C’est qu’il y en a des moutons dans la région. En tout cas, on semble être sur la bonne voie ! Débute alors une petite ascension qui n’a rien de bien facile (surtout avec un poids de 9kg accroché sur le ventre). On escalade même quelques zones d’éboulement en s’aidant d’un câble en acier accroché dans le massif rocheux.

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L’ascension est courte mais éreintante. On arrive très vite au sommet d’un promontoire rocheux d’où la vue sur la vallée est à couper le souffle. Bon, mais on a toujours vu cette maudite route qui traverse toute la vallée… il nous en faut peu pour nous laisser gâcher. On continue l’escalade et on est vite récompensés par une vue sur les somptueux glaciers enneigés. Les sommets nous attirent et semblent si proches ! Après tout, le Ben Nevis (sommet des Highlands) qui n’est qu’à quelques kilomètres d’ici ne culmine qu’à 1343m. Une broutille !

Il nous aura fallu 2h30 au total pour grimper dans la vallée secrète, admirer les sommets enneigés, écouter la rivière sauvage qui s’y écoule paisiblement puis redescendre. On n’aura croisé strictement personne. Un petit bout du monde comme on les aime.

Samedi 25 avril –

DSCF4084Irene[2] tend les bras et finalement, au bout de deux jours de tentative, Louise finit par s’accrocher à elle. Irene est ravie et la voilà partie, petit bout de femme d’au moins 70 ans, le dos cassé en deux, à promener une petite fille française dans sa maison. Louise ne ménage évidemment pas sa peine et trotte comme une petite folle entre le couloir, la salle de bain, la salle à manger. Soumettant Irene – qui garde son sourire – à un rythme d’enfer !

On a posé nos valises chez Irene et Douglas Mac Donald  il y a déjà deux jours. On s’est immédiatement sentis à la maison. Pas de chichis, une petite chambre toute en simplicité, sans télévision, avec une épaisse moquette duveteuse où les doigts de pied s’enfoncent avec plaisir le matin. DSCF4091retLouise cavale tant à quatre pattes qu’elle finit par en avoir les genoux rougis. Mais qu’importe, elle se sent bien ici aussi. On loge dans la chambre qui est juste à côté de celle de nos hôtes. On utilise la même salle de bain et on profite de leur petite cuisine pour manger une fois la patate mise au lit. Pendant 2 jours, on a le sentiment d’avoir été accueillis chez nos propres grands-parents. Irene nous donne plein de conseils sur ce que l’on peut voir et Douglas prend le temps, après le dîner, de nous raconter ce qu’il a vu et fait en France. « Ah, the Normandiiiie » nous dit-il, plein de fierté dans les yeux. Il déplie une carte et égrène toutes les localités où il a été séjourner. Sur le buffet derrière nous, trône un petit drapeau de France, pour nous souhaiter la bienvenue. Surtout, grâce à Irene, on sait où débusquer la Kyloe, la vache à cheveux…

DSCF3942retA 2 pas de chez Irene et Douglas, il y a une petite randonnée que l’on a hâte de faire. L’arrivée promet un point de vue époustouflant sur la région. On se lance à la conquête du Vieil Homme[3] dès que nous avons posé nos affaires et on est plutôt déçus dès notre arrivée. On était censés traverser une magnifique forêt et en lieu et place de ladite forêt, des troncs d’arbres coupés à ras, des branchages, un paysage de désolation et une vue directe sur le massif. Mais que font-ils des forêts dans ce pays ?[4] L’ascension est rude pour arriver jusqu’au Vieil Homme. Après 1h de montée (encouragés par les regards étonnés des gens qui constatent que nous ne sommes pas que 2, mais qu’une 3ème personne est accrochée sur le ventre de Guy), on finit par l’atteindre et on décide de pousser encore 15 à 20mn pour le surplomber. De là, la vue est à couper le souffle. On s’assied et on profite tranquillement de l’atmosphère en refaisant le monde. Des lacs à perte de vue, la mer, les montagnes de l’Ecosse continentale nous font face. Et toujours, cet Old Man dans notre champs de vision,  qui se tient bien droit ajoute du grandiose à l’ensemble. On est fascinés par le spectacle. Nous avions vu des photos mais comme toujours, la réalité est loin de s’en approcher. Une légère brise souffle, quelques nuages s’accumulent faisant changer la lumière qui perce parfois à travers l’épais rempart brumeux. Puis tout se disperse et le ciel bleu apparait. Pour quelques instants. Et tout recommence. Le tapis d’herbe est moelleux et donne envie de s’y allonger. On resterait des heures à contempler tout ça.

Lundi 27 avril 2015

DSCF4226retUne légère brise souffle sur le Loch, soulevant çà et là des petites vaguelettes suspectes. On scrute les flots, les yeux rivés sur le radar. Le château D’Urquart se dresse fièrement sur la rive et le soleil donne mille reflets à l’eau. Le radar détecte des mouvements! « Just a big fish » nous dit le capitaine. On navigue pendant une heure sur les eaux sombres du Loch Ness, bercé par un doux soleil de printemps. La navigation est plaisante, le capitaine de notre petit rafiot (on est 4,5 à bord. Le 0.5 comptant pour le petit monstre endormi dans le porte bébé) à de la gouaille et raconte tout un tas d’anecdotes en rigolant, sifflotant. On se croirait dans un film ! Il nous emmène à quelques centimètres du rivage pour nous montrer que les bords sont « à pic » et très profonds. Terre de légendes et de mythes, le Loch Ness nous fascine. Tant de questions sans réponses, englouties sous la surface ! Ce qui nous fascine le plus finalement, ce n’est pas tant le « monstre ou pas monstre ? », mais plutôt tout ce que ce mystère à généré. Des expéditions, des scientifiques, des canulars, des conférences, des survols, re des expéditions, de la cartographie sous marine… et ce jusqu’à nos jours ! Le simple fait de voir un radar dernier cri équiper  notre micro bateau nous captive et nous émerveille.  Nous aurons l’occasion de marcher sur sa rive et de refaire le monde en y jetant des petits cailloux. Au delà du mythe, le Loch est somptueux, gigantesque et envoûtant.

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Céline, Guy & Louise

[1] En réalité, « Hidden Vallée » ou vallée cachée.

[2] Prononcer « Aïe-rriiiine »

[3] Old Man of Storr. Le vieil homme est un énorme monolithe de 55m qui domine un paysage spectaculaire.

[4] On découvrira plus tard en discutant avec Irene et Douglas, qu’il y a en Ecosse énormément de forêts de plantation qui sont « rasées » tous les 10, 15 ou 20 ans.

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