5 (autres) raisons pour lesquelles on aime déjà San Francisco (11 à 15)

Promenade #2 : Chinatown, North Beach et Angel Island

Cher tous,

Nous sommes cette-fois ci allés nous promener dans le quartier un peu plus touristique, du côté de Downtown. Il y a pas mal de choses à voir, mais aussi beaucoup plus de monde. Et du coup, un des vrais visages de San Francisco se dévoile aussi un peu là. C’est une très grande ville. Et comme toute grande métropole, elle est tout en contraste et s’y côtoient l’extrême richesse et l’extrême pauvreté.  La misère se fait plus criante ici. Dans le Tenderloin (quartier au sud d’Union Square), de nombreux sans-abris occupent les intersections tandis que d’autres errent, l’air hagard, sans but. Les immeubles sont plus vétustes et les trottoirs, par endroits, jonchés de saletés. Ce qui ne semble guère déranger de jeunes femmes au pas pressé, cup Starbucks à la main et écouteurs vissés sur les oreilles, ou de jeunes cadres, qui trimballent leurs mallettes en cuir noir. Un monde de contrastes qui est saisissant… On laisse notre voiture dans un parking du Tenderloin, et on remonte vers Union Square.

Durée – 1 journée

Distance – 11 km

Voici 5 petites choses à rajouter sur notre liste des 365 coups de cœur à San Francisco.

11. Powell Street et  la vue sur l’océan

Pour notre deuxième visite de San Francisco, le plan, c’était de prendre le Cable Car qui part d’Union Square et va presque jusqu’à Fisherman’s Wharf. Bon mais c’était sans compter sur les 3.000 autres personnes qui avaient eu la même idée. Face à l’immense file d’attente, même Louise préfère y aller à pied. On remonte donc, au sens PROPRE, tout Powell Street. C’est sport, mais quand on se retourne, la vue sur l’effervescence d’Union Square est extraordinaire. Les gens, semblables à des petites fourmis laborieuses, vont dans tous les sens, affairés à tout un tas de choses. Les voitures roulent au pas, des cyclistes dévalent les rues et une petite vie s’organise. Il est bientôt 11h et la douce lumière dorée du matin commence à faire place au cagnard de midi. On fait les kékés à courir dans la pente avec la poussette et on arrive tout en haut, presque violets. Mais on sourit pour donner le change (évidemment). Le long de notre rue, le Cable car se dandine et grimpe péniblement, dans des bruits de grincements adorables, les rues pentues. Il nous nargue. C’est certain. Du moins, les gens qui sont dedans (non mais regardez-le celui-ci avec son caméscope à la main, fier comme un coq). Du sommet de Powell Street, on voit l’océan et cette vue ne nous quittera pas jusqu’à notre arrivée au Pier 39.

12. Chinatown

On traverse, le cœur léger et le cheveu au vent (surtout moi), une partie de Chinatown. Les odeurs, les sons, la langue, les panneaux. Tout nous transporte à des milliers de kilomètres des Etats-Unis. Un vieux carton sur le trottoir témoigne de la livraison récente de durians. Aucun doute, nous voilà arrivés en Chine. Le Chinatown de San Francisco est un des plus anciens au monde. Et un des plus beaux que nous ayons vu. Il s’est construit et a poussé, vite, très vite, pendant le Gold Rush alors que des milliers de chinois arrivaient aux portes des Etats-Unis. Affairés à la construction du Transcontinental Railroad ou travaillant à trouver de l’or, les chinois se sont installés ici, par familles entières, recréant un fantastique microcosme qui a donné lieu à la création progressive d’un petit joyau culturel et architectural. Au hasard des rues, on tombe sur des petits marchés où se superposent pêle-mêle fruits et légumes et où viennent farfouiller de nobles dames dont les traits du visage trahissent la longue histoire. Des kyrielles d’enseignes chinoises habillent les immeubles et sur Grant street, alors que les lanternes donnent un air de fête à la rue, les temples traditionnels se détachent sur fond de building moderne dans un formidable et inattendu syncrétisme culturel. Ici, les dragons grimpent aux lampadaires et les singes font comme s’ils ne nous avaient pas vus. Surtout, le chinois résonne dans nos oreilles, comme une douce musique qui à elle seule nous fait voyager.

  

13. Le pier 39, les otaries et les beignets de crevette de Bubba Gump

Passé Washington Square, changement d’ambiance. Le Pier 39 est en vue, on entend au loin les otaries que Louise voulait voir. C’est LE coin touristique par excellence. Les quais de San Francisco regorgent de restaurants (donc de monde) et de beaux points de vue sur la Baie et sur Alcatraz. Mais LA star c’est le Pier 39 où des otaries ont élu domicile depuis des années. Louise est émerveillée et les regarde s’ébrouer, dormir, se retourner, tenter de monter, jouer, se frotter dans une cacophonie incroyable. Tout ça avec son pont en arrière-plan. Elle est aux anges (et encore, elle n’a pas remarqué le tractopelle jaune sur une barge pendant qu’on prend les photos). Son parrain et sa tata lui ont donné une petite enveloppe en dollars avant de partir, alors elle décide de dépenser une première partie dans un tour de manège sur le Pier avant d’aller manger. Et c’est chez Bubba Gump que nous échouerons pour le midi. Il n’y a pas à dire, leurs beignets de crevette à la coco ou leur mac&cheese aux crevettes sont un régal ( j’espère que vous connaissez le film. L’idée, c’est qu’on mange que des crevettes).

 

14. Les escaliers cachés, les jardins suspendus et les petits trésors architecturaux perdus

Louise a été malade à midi et est K.O. Le changement de régime alimentaire et la fatigue certainement.  Elle se porte bien mais est crevée et c’est avec plaisir qu’elle se couche pour sa sieste quotidienne dans sa poussette. Pendant ce temps, on file à travers la ville. A quelques pas du Pier et de l’agitation, on tombe sur une merveille. Des jardins suspendus à 1000 lieues de l’effervescence de la ville. Une vraie petite jungle, éparpillée autour de rudimentaires escaliers en bois (les Filbert Steps) qui serpentent autour de Telegraph Hill. Des palmiers, des bananiers, des citronniers, des magnolias enserrent de charmantes petites maisons comme dans un écrin de verdure. Il paraît que si on regarde bien, on peut même apercevoir des perroquets… Bon le mauvais plan c’est que Louise dort dans sa poussette. Des escaliers. Une poussette. Je pense que vous avez saisi. Mais ce n’est pas grave, on monte tout de même en hissant la patate (merci la Yoyo d’être si légère). Juste avant le sommet, nous attend un petit trésor architectural Art Déco, le Malloch Building, bâti en 1937. Au sommet de la Telegraph Hill se tient la Coit Tower (financée par l’héritière d’Hitchcock, Lillie Hitchcock Coit). On peut y grimper pour avoir une vue imprenable sur toute la baie. Louise dort, vous vous souvenez ? Alors on parlera de la vue une autre fois…

15. Angel Island

Le lendemain de notre visite de la ville, nous sommes allés à Angel Island. C’est une visite que l’on a pas le temps de faire quand on vient quelques jours, en touriste. C’est normal, ce n’est pas la porte à côté. Nous n’avions pas eu le temps de la faire il y a 5 ans et pour vous dire la vérité, je ne connaissais même pas cette histoire. C’est en faisant des recherches sur Ellis Island pour mes secondes européennes que je suis tombée sur elle. Angel Island. « La petite sœur d’Ellis Island ». Oui mais non. En fait pas du tout. Ellis Island se situe à New York et depuis son ouverture en 1892 jusque 1954, elle a servi de porte d’entrée (légèrement filtrante) pour des millions de migrants affamés, persécutés ou en quête d’aventure et d’or, en provenance d’Europe. Angel Island, sur la côte Ouest n’est en fait qu’une énorme zone de rétention, mise en place en 1910 pour empêcher les asiatiques (et surtout les chinois), « d’envahir » le sol américain après qu’ait été signé dans un fantastique climat de xénophobie générale, le Chinese Exclusion Act en 1882. Je vous passe les détails. Mais très simplement pour mettre un terme à l’immigration chinoise massive, le gouvernement américain décide d’interdire cette immigration et les centaines et centaines de chinois qui parviennent tout de même jusqu’aux côtes sont soit immédiatement déboutés, soit enfermés à Angel Island. Certains réclament leur droit à entrer sur le sol pour rejoindre leurs familles. Ils sont donc internés, examinés (médicalement) et entendus lors d’entretiens très pointus au cours desquels sont posées des questions extrêmement précises que l’on compare ensuite à celles des « parents » déjà présents sur le sol. Si les réponses diffèrent, le prétendant est renvoyé. Le gouvernement cherche à se prémunir contre les « paper sons » qui ont payé des sommes faramineuses à d’illustres inconnus pour se faire passer pour leur fils/fille.

 

Des milliers d’hommes, de femmes mais aussi d’enfants sont passés entre ces murs. Il y a quelque chose d’émouvant à entrer dans cette baraque de bois, vieille de plus de 100 ans, pour découvrir à la lumière rasante, les milliers de poèmes gravés sur les murs. Désespoir, frustration, ennui, peur, solitude, colère, tristesse, découragement, mal du pays, abattement, joie de pouvoir enfin partir. Tout y est. A travers ces centaines de poèmes, on peut dresser le « portrait » de ces hommes et de ces femmes. Comprendre leur état d’esprit. Celui d’hommes et de femmes isolés, à qui on vient de voler leurs destinées. Bloqués sur une île, avec pour tout horizon, des barbelés, des grillages. Ces mêmes barbelés que nous avons si souvent croisés çà et là, ailleurs dans le monde. Une paire de bottines d’enfants, de veilles photographies jaunies, d’élégantes chaussures de femmes. Tout est dans les détails et cette visite nous bouscule et nous fascine. … Que sont-ils devenus ? A l’extérieur un très beau mémorial leur rend hommage. On est encore plus émus de lire sur certaines plaques, les mots des « détenus » eux-mêmes revenus 40 ans après, se rappelant des privations et des souffrances endurées.

 

Angel Island semble parfaitement abandonnée. Il règne, alors que nous achevons le tour de l’île en vélo, une ambiance de ville fantôme très étonnante, un peu inquiétante et captivante à la fois. Les panoramas sont fabuleux, les couleurs incroyables. De l’île, on voit tout San Francisco, le pont et une grande partie de la Baie. Je ne vais pas vous mentir, le tour de l’île est à l’image des rues de San Francisco : ça monte et ça descend. Sentant le coup fourré dès la descente du ferry, je place mes pions dès le début : Guy prend le vélo avec la patate. Je prends le VTT ultra léger. Et même avec celui-ci, je rame sur le petit plateau en fin de côte. Bon. Je finis par poser le pied à terre APRES tout un groupe (dont des petits jeunes qui m’avaient doublé à toute berzingue en mode « nous on est des jeunes ») à quelques mètres du sommet. Pas si mal.

Louise est devenue une vraie san franciscaine en deux temps trois mouvements : elle a reçu sa lunchbox américaine il y a deux jours (et veut naturellement manger avec, vivre avec, dormir avec, se laver avec) et… elle est toujours vêtue comme un petit oignon. Avec plein de couches. Qui vont du coup plus ou moins les unes avec les autres. Un bob de plage, un t-shirt barriolé, un pull polaire ours en moumoutte bien chaud et tout doux (sponsorisé par Marie S.), un foulard bleu et jaune fluo, un legging licorne noir et doré. Et des chaussures de running. On a la classe ou on l’a pas.

A très bientôt et merci pour vos messages qui nous font rire, sourire et nous font toujours chaud au cœur…

C, G & L

Dans le prochain épisode : Back to school – Elle fait quoi Céline deux jours avant sa rentrée ? (début de réponse : elle se ronge les ongles !)

 

Quelques réponses à vos commentaires…

@ Charron : Tu as tout à fait compris mon état d’esprit. « Mais c’est géniaaaaaal ». Sérieusement, il faut que je me calme…

@Sébastien : On espère bien aller faire un tour du côté de la Silicon Valley oui ! Surtout du côté de Cupertino si tu vois ce que je veux dire…

@ Manue et Colette : Merci ma chère Manue, tu es adorable !! Et… je suis ravie de vous savoir branchées sur le blog Mme Portier ! Je vous embrasse toutes les deux  !

@ MH et Annga : Merci les filles 😉 Je suis ravie que cela vous plaise ! Pas évident de tout mettre en ordre pour raconter… Vive Ketchup et Facebook.

@ JC : Jcééééééé ! Quel plaisir de te voir traîner ici ! On reste 2 ans ! Oui pas toujours facile de s’adapter à sa nouvelle vie mais… on ne s’est pas expatriés en Chine nous 🙂

4 thoughts on “5 (autres) raisons pour lesquelles on aime déjà San Francisco (11 à 15)

  1. Hello from Torcy ! Ça me fait tout drôle de lire vos posts et ensuite de passer rue de Paris (le Coccimarket !). Courage, pour la rentrée, on pensera à tout.

  2. Toujours un plaisir de vous lire ! J’envie carrément Louis :'( Je peux me mettre dans la poussette, je prends pas de place.

  3. Coucou je vois que votre nouvelle vie n’ est pas de tout repos mais que vous trouvez vos marques.bravo à toi Céline on a impression d être avec vous tu as une telle façon de nous d écrire tout ça . aujourd’hui pour nous déménagement de Marie et Guillaume pour eux aussi nouvelle vie!!!!!!bisous à vous trois Fanfan

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