Déjà 2 semaines de passées et celles-ci n’ont pas été de tout repos.

Happés par notre quotidien, nous voguons, de réveils aux premières lueurs du jour en matinées sans fin, jusqu’aux soirs où nous nous retrouvons autour d’un bon plat de pâtes au beurre-jambon. Guy a trouvé un travail, EUREKA. Mais exit le confort temporel que nous avions il y a seulement une semaine. Les petits plats mijotés du soir attendront. Pour le moment, on pare au plus pressé. Il faut trouver un repas qui plaise à tout le monde, rapide et qui puisse être cuisiné en grande quantité pour utiliser les restes en repas dans 3 lunchbox différentes (dont une qui doit forcément être un repas froid). Mais revenons-en au commencement.

Il y a deux semaines, Guy apprenait, le cœur serré, qu’il n’y aurait pas de perspective d’embauche pour lui à la Recyclerie. C’est un petit monde qui s’effondre pour lui. Ses premiers pas dans le monde du travail – même s’il n’était que bénévole -, ses premières relations avec des américains qui l’adoptent très vite, son vocabulaire qui progresse et un rythme plaisant dans un travail qu’il découvrait alors et qui lui plaisait, autour du sport. Mais Doug part à la retraite de façon inattendue, et le permis de travail n’arrive pas. Il faut embaucher. 2 semaines plus tard, nous recevions ledit permis et le sacro-saint numéro de sécurité sociale. Cela s’est joué à deux malheureuses semaines. C’est bien dommage mais il faut rebondir. Dès le lendemain, il envoie des CVs et téléphone à Edith, une de mes collègues de SVT qui m’avait dit pouvoir appuyer sa candidature chez Apple s’il cherchait du travail. Mais le boulot proposé est à Cupertino. A des milliards d’années lumières de chez nous. Il faut compter un temps de commute pour l’aller de presque 2h. Alors bon. Au cours de la conversation, elle lui parle de l’ouverture prochaine du premier Décathlon des Etats-Unis. Il candidate en ligne, puis envoie sa candidature à d’autres magasins de sport et à une boîte d’informatique à proximité de la maison. Les réponses ne se font guère attendre. 3 jours plus tard seulement, il a ses premiers entretiens. 3 au total.

Le premier entretien a lieu chez Décathlon : ils proposent un temps partiel, 19$ de l’heure, dans Downtown SF. On fait les calculs, il faudra ajouter pas loin de 200$ de transport pour un commute d’1h.

2^ème entretien : Sport basement : temps plein, 15$ de l’heure, à proximité du Golden Gate Bridge. 200$ de transport mais un commute moins long (30mn).

3^ème entretien : Autodesk : temps plein, 20$ de l’heure, commute de 10mn en vélo depuis la maison.

On pèse le pour et le contre pendant des heures. Soit on joue la sécurité et il file chez Autodesk pour un travail dans lequel il ne va certainement pas s’épanouir (il s’agit de support technique au téléphone tout en jonglant entre trois écrans d’ordinateurs à longueur de journée), soit on décide que son travail est un plus et qu’il est pas ici pour en baver et il choisit ce qui lui plaît vraiment. Il décide de tenter sa chance chez Décathlon pour le challenge : c’est le premier à ouvrir aux Etats-Unis, il sera le seul vendeur français dans ce qui est d’ores et déjà un concept store à la Apple, pour appâter la clientèle américaine et attirer une large clientèle française déjà conquise. L’objectif est ensuite d’ouvrir une grande surface comme celles que l’on trouve en France. Le travail est plaisant, l’équipe est sympathique et Guy se sent plutôt dans son élément. « Ça me rappelle mes années Leroy Merlin » me dit-il. Il est ravi d’être au contact client et de pouvoir conseiller sur une multitude de sports qu’il maîtrise. Natation, Running, Vélo. Et puis rider dans un centre ville aux airs de Manhattan déserté le dimanche matin en vélo, c’est tout de même vraiment sympa.

Ceci étant dit, pour vous donner une petite idée : si Guy parvient à travailler 40h (je vous rappelle que c’est un temps partiel ?), il parviendra, après déduction des 20% d’impôts, à gagner un peu moins de 3000$. Notre loyer EST de 3000$. Pour nous français, c’est impensable. Mais quand on parle du taux horaire de son travail à des américains, ils nous disent tous que c’est pas mal. Et quand je leur dis qu’il ne gagne même pas le prix du loyer… ils me disent tout de même que c’est pas mal. Mais que c’est vrai que ici, une personne seule ne peut pas s’en sortir. Cette ville est incompréhensible.

Notre planning plutôt relax de ces trois derniers mois est chamboulé et on réfléchit des heures à ce qu’il convient de faire. J’emmènerai désormais Louise tous les matins et irait la rechercher, sauf le vendredi. Guy travaillera un week-end par mois (ils voulaient qu’il travaille chaque week-end à l’origine) et organisera son planning du vendredi pour pouvoir déposer et aller chercher la petite. Il se lève à 5h30 tous les matins. Prend son bus 58 (celui-là même que j’avais l’habitude de fréquenter) et arrive directement dans le Financial District, au 735 Market Street. Je me lève à 6h, m’occupe de moi, puis lève Louise à 6h45 et l’embarque en voiture à 7h45.

Il a donc commencé le 4 décembre et c’est pile ce moment-là que Louise a choisi pour… tomber malade. Rien de grave mais il a fallu la garder à la maison et à une semaine près, cela ne posait aucune espèce de difficulté. Marie heureusement a gentiment accepté de la garder pendant mes 2h heures de cours mardi matin, puis s’est adorablement proposée pour les jours suivants. Sa toux rauque et ses yeux collés m’obligent à poser une journée mercredi et à prendre rendez-vous chez la pédiatre (et hop, on a été délestés de 225$ et Louise a écopé d’un vaccin contre la grippe en même temps). Elle retourne à l’école jeudi mais on est appelés en cours de journée. « Ça ne va pas du tout » nous dit la maitresse. Rien d’urgent mais il serait préférable de la garder au chaud demain. Heureusement que Guy a un jour de congé le lendemain et que le week-end arrive. Ça aura été une première semaine Rock’n Roll (ah Johnny…). D’autant plus que je suis en plein conseils de classe et que je termine parfois à 19h. D’où les pâtes au beurre vous voyez.

En parallèle, on continue notre «adaptation culinaire» (sic). Je ne sens plus mes jambes alors que je tombe sur de la fondue savoyarde chez Trader Joe’s et je défaillis totalement en tombant sur de l’authentique fromage à raclette. Pour mon anniversaire du coup, je réclame évidemment une bonne session raclette. Guy me dégotte de la charcuterie italienne, on fait cuire quelques pommes de terre et le tour est joué. La meilleure raclette de tous les temps (parce que tellement improbable). Et puis vendredi soir, pour mes 34 ans, la famille Schav est venue me faire une surprise. Soirée pizza entre amis et j’ai été gâtée !

 

Cette semaine a tout de même été marquée par les préparatifs de Noël. On monte le sapin et on décide que cette année, la décoration sera en partie faite maison ! On se lance alors dans une partie de pâte à sel avec Louise. On pétrit, on découpe, on sèche, on cuit, on peint une première fois, puis on repeint et on assemble. Et voilà des petites étoiles et des cœurs pour garnir le sapin. Un calendrier de l’avent DIY également et le tour est joué. Nathalie avait laissé des guirlandes lumineuses que Guy s’empresse d’accrocher. On est ravis de l’effet ! Et puis Louise a une nouvelle chambre. On a démonté le grand lit et trouvé gratuitement (merci Nextdoor) un petit lit à sa taille donné par une voisine. Elle est au comble du bonheur.

 

Avant que Louise ne tombe malade, nous sommes allés nous promener à deux pas de chez nous, dans le parc Point Reyes qui s’étale le long de côtes vertigineuses et de plages battues par les vagues, au bord du Pacifique.

 

Nous sommes allés voir le vieux Phare tout au bout de la pointe de Reyes. Il y a un vent à faire tomber des dents mais le spectacle est grandiose. On traverse des champs à perte de vue, des vaches et des biches paissent paisiblement dans les prairies. Il y a des relents d’Islande ici, de bocage Normand et de Bourgogne. C’est incroyable. Du Phare, on peut voir des falaises infinies et la côte ou s’égaient, par beau temps certainement, des baleines à bosse.

 

Une allée de cyprès formant comme un tunnel retient notre attention avant que nous nous mettions en quête des meilleurs huîtres du coin. Marshall Store étant fermé, on termine chez Tony’s. Un petit bar à huîtres à la déco improbable où Guy teste les huitres frites en sandwich. « Un délice !»  m’assure-t-il la bouche pleine et l’œil pétillant. Je vais le croire sur parole. Je déteste les huîtres.

C’est à ce moment là que Louise a commencé à tomber malade. Et puis s’en est suivie la semaine que je viens de vous conter. On attendait avec hâte le week-end suivant, celui qui vient de s’écouler. C’était sans compter le fait que le rhume est contagieux. En bonne prof, je me suis trouvée coincée au lit tout le samedi. Rhume, éternuements à répétition, mal de tête et grosse toux. Et les yeux qui coulent bien sûr. Dimanche, Guy travaillait et j’avais initialement prévu une super journée entre filles avec Louise. Visite de musée, vue panoramique sur la ville et un coucou aux bisons. Un chouette programme que l’on fera… plus tard. Louise s’est levée à 10h (donc moi aussi) et on est restées au chaud. On est juste passées acheter du tissu et faire des repérages à Novato dans une boutique de jolis jouets.

Un dimanche de repos.

Bonne journée à vous et à très vite pour la suite,

C, G & L