Démenager et se perdre dans les vignes

Home sweet home ?

Mai est déjà bien installé et nous commençons à chercher un nouveau logement. Notre propriétaire, Nathalie nous avait prévenus dès le début : « Il est fort probable que je revienne ». Nous avions signé un bail d’1 an en sachant parfaitement qu’il faudrait peut-être déménager.  On compulse régulièrement les sites d’annonces et la réalité nous rattrape : pour un logement avec 2 chambres, il faut compter 3000 dollars minimum et une caution faramineuse. Plus on s’approche de SF, plus les prix flambent. Et, incroyable, pour 3000$ de l’autre côté de la Baie (Richmond), on peut quasiment louer une maison entière. Il faudrait alors compter sur un temps de commute matin et soir RECORD. Je ne suis pas sûre, après une année à San Rafael et son cortège de bouchons, que nous soyons prêts à consentir de nouveau ce genre de sacrifice. Ceci étant dit je viens d’apprendre que deux de mes élèves de 1ère habitent à San Jose. Alors bon, je ne vais pas me plaindre.

Nous sommes donc en quête d’un nouveau logement. Mais ici, il n’y a pas les 3 mois réglementaires de préavis. Il ne sert à rien de regarder des mois en avance, à moins que nous soyons prêts à payer pendant quelques temps 2 loyers en parallèle (quand on connait le prix d’un seul loyer et notre revenu à deux, c’est à mourir de rire). Ou bien, avec l’accord du propriétaire actuel, on peut se lancer sur une autre location à condition que le précédent logement soit loué. Bref. C’est un casse-tête. On a commencé à regarder pour louer un nouveau logement le plus tôt possible, mais on coince financièrement Nathalie qui est en Espagne et ne peut pas relouer son logement à distance. On va donc devoir finir notre lease ici avant de se lancer sur un autre.

On reprend donc nos recherches de (presque) zéro, comme l’année dernière à la même époque. Quelle zone, voire quel quartier dans San Francisco ? Quel budget ? Quel type de logement ? Quelles priorités ?

La carte faite-maison ci-dessous synthétise plusieurs éléments que l’on prend en compte dans notre recherche : le site et la situation de Marin County, les éléments qui font partie de notre vie quotidienne (jobs, école, temps de trajet…) et les prix approximatifs du marché de la location pour un appartement de 2 chambres.

On vit tout au Nord de la carte, à Terra Linda. Ce qui est certain c’est que l’on souhaite se rapprocher de l’école et de nos jobs. En finir avec le temps de trajet record de parfois 45 à 50min de l’école de Louise à chez nous. Donc, l’idéal serait de filer vers Sausalito ou carrément aller vivre en ville. Et c’est là que le bât blesse. Comme le montre le gradient de couleurs du plus clair au plus foncé, le prix des logements est inversement proportionnel à la distance du centre-ville. Pour faire simple, plus on se rapproche de San Francisco et plus les prix sont élevés. On a pas un gros budget puisqu’on ne peut pas aller au delà de 3000$ (souvenez vous de mon article sur le coût de la vie). Et pour 3000 dollars et bien… On ne trouve pas grand chose. Les prix peuvent être à peine croyables. Sans compter les cautions record (5.000 dollars quand ce n’est pas plus). Guy a rencontré un couple de français l’autre jour venu rendre visite à leur fille qui expliquait que c’était l’entreprise qui l’emploie qui payait le loyer. De combien ce loyer pour un 4 chambres dans San Francisco ? 9000$. Oui, 9000$. Une collègue du lycée m’a abordée il y a quelques temps car elle sait que nous vivons chez Nathalie et que celle-ci revient en août. Elle même va partir un an et nous propose sa maison en location (on est des SUPERS locataires :)). Elle m’envoie les photos et j’ai demandé le prix juste pour la forme car je commence à me faire au marché de la location ici. 5450$ pour une petite maison dans le Presidio. Ma paie donc. Hier encore, une maman d’élève me proposait son logement sur Sausalito : 7.000 dollars. Je ne vais pas faire de commentaire ! Bref. Il va falloir jouer des coudes. Et sacrément. Comme de nombreuses grandes villes, le marché de la location à San Francisco et autour est très engorgé. En lisant les news sur le San Francisco Chronicle l’autre jour, j’ai appris qu’un immeuble récemment construit en ville proposait 95 logements à des prix abordables : 1200$ pour un 2 pièces (1 bedroom), 2000$ pour un 3 pièces (2 bedrooms). Les promoteurs ont été littéralement noyés sous les candidatures. Plus de 7000 pour 95 logements !

Je me suis donc amusée à faire le tour des agences  de location pour voir un peu de quoi était fait le marché notamment dans Marin. Et on y croise de belles surprises qui vont indubitablement de paire avec les Porsche, Maserati, Tesla-portes-papillons et autres Ferrari, comme ce fantastique appartement sur les hauteurs de Sausalito, loué pour la bagatelle de 11.500$ par mois, avec une caution toute simple de 22.500$ !

 

 

 Du coup, on ne laisse rien au hasard et on regarde aussi du côté de San Francisco. Paradoxalement, les prix peuvent être élevés mais le marché est bien plus divers que sur Marin. On peut potentiellement tomber sur des bonnes affaires, sait-on jamais. Le tout, c’est de choisir le bon quartier. Et comme vous l’avez compris depuis que nous sommes ici, chaque quartier a son identité propre.

Le lycée est dans le Sunset, le Predisio est hors de prix, les quartiers sympas sont autour de Mission (le quartier hispanique), Castro (le quartier gay), Haight (le quartier de Jimi). Une partie de l’Ouest est globalement plus abordable : c’est là que le brouillard se trouve. Un quartier en particulier n’est pas très cher : le Tenderloin. Mais il faudra vivre avec les nombreux SDF, la violence urbaine, la drogue et la folie. Bref, sur ce coup, on passe notre chemin !

La partie grisée correspond à la partie de la ville plongée dans le brouillard !

En compulsant les sites internet, je suis tombée sur cette carte minimaliste qui résume beaucoup de choses et nous a bien fait rire : Les quartiers de Richmond ou de Nopa sont les quartiers les plus authentiques où vivent les « SF Natives » (natifs de San Francisco), le Tenderloin sent l’urine, les habitants du Sunset sont « Shut in » (littéralement enfermés, sous entendu sous une épaisse couche de brouillard), le quartier du Presidio est inaccessible financièrement (juste  » Nope ») et ainsi de suite. Bref avec toutes ces données en main, on va essayer de se débrouiller…

 

 

Les vignes de Sonoma

On a profité d’un week-end un peu tronqué (Guy a travaillé samedi) pour aller se changer les idées (c’est que ça occupe cette question de déménagement !) et se promener vers le Nord. Direction la lisière de la Napa Valley, vers les vignes de Sonoma. Blotti dans un écrin de verdure à 30mn au nord de chez nous, nous avons repéré un petit vignoble, Cline Winery que nous sommes allés visiter. Contrairement à de nombreux autres, celui-ci est plus petit et ne fait pas payer les visites de son domaine… et la dégustation n’est qu’ à 10 dollars ! Bon, on est pas très « vin » alors une visite du domaine nous parait déjà être un bon début. Cline est le nom de la famille installée sur ce domaine depuis près de 40 ans et depuis bien plus longtemps ailleurs sur le comté de Sonoma. Le domaine s’organise autour d’une très belle demeure coloniale, entouré d’incroyables parterres de fleurs. Ici a été fondée l’une des dernières Missions de Californie.

Le sol y a été consacré par l’Eglise Catholique, on peut donc s’y faire baptiser et se marier. Il y a un petit champs de produits bio, des ânes qui surveillent leurs tours de taille (que Louise admire, mais de loin), des étangs et de quoi pique-niquer. Le guide emmène le groupe (c’est-à-dire nous 3) à travers le domaine pour nous montrer les zones de pesée des récoltes (qui nous font penser aux zones de pesée de la canne à la Réunion), les cuves et surtout l’impressionnante zone de stockage des fûts.

Le guide est loquace et nous raconte sa vie : son fils longtemps scolarisé au lycée où je travaille, qui a fini par épouser une française et vit désormais à Paris, son amour pour la capitale, le vin et le fromage (« d’ailleurs, j’y retournerai bien cet été » nous dit-il), le bilinguisme des enfants et leurs capacités à passer d’une langue à l’autre. Bref, il est très avenant et on sort ravis de notre visite. Le domaine est de petite taille, aussi on a pas le temps d’avoir mal aux pieds. On profite de l’endroit pour aller se promener dans les vignes et admirer leur organisation toute rectiligne qui donne aux collines environnantes un visage très familier.

On file à 10mn de là manger dans le très réputé Fremont Diner, en bord de route. Il y a un peu de monde et on nous annonce 1h d’attente. De quoi siroter un milk-shake en refaisant le monde, les cheveux au vent face aux vignes pendant que Louise joue avec un tracteur John Deer. Les plats sont délicieux. C’est de la nourriture typique de Diner, appelée « Comfort food« . C’est riche, c’est gras, c’est roboratif, mais on en redemande. Je m’attelle à la dégustation d’un burger tandis que Louise se jette sur un Hot-dog. Guy lui, a pris l’option « Cholestérol et diabète express » : d’énormes morceaux de viande rôtis et passés dans une chapelure épicée accompagnés … d’une gaufre et de son pichet de sirop d’érable.

Avec un peu de beurre si on sent qu’on a encore de la place dans ses artères. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’association est très bonne et tout a été hyper digeste. L’attente valait le coup ! D’autant plus qu’un petit « Photo booth » –  qui n’est pas sans nous faire penser aux Photoautomat berlinois – nous tend les bras à la sortie !

On vous embrasse et à bientôt pour la suite!

C, G & L

Quelques réponses à vos commentaires :

@ Evelyne : Merci Evelyne, on cherche on cherche on cherche ! Mais on est réalistes… on ne trouvera jamais un appart’ aussi bien que le 82 ter : )

@ Colette : Merci beaucoup ! Oui Louise a adoré son anniversaire, elle en parle encore ! Et là débute justement la saison des anniversaires des copains/ copines… on est pris tous les week-end et les enfants commencent à former une petite bande bien soudée c’est très drôle à voir !

4 thoughts on “Démenager et se perdre dans les vignes

  1. Et dans le quartier de Corine ? Il n’y a pas une location pour la Poulmane famille? Bon courage Bises

  2. Un bon dimanche pour vous changez les idées. Un vrai casse tête votre recherche d’appartement. Entre le secteur et le prix. Je trouve déjà que les prix de loc. en France sont élevés mais que dire à SF…. Certes notre Roseraie est toujours aussi belle. Y a t il des campings avec mobile home ? Car si vous ne pouvez rien réserver avant août et que vous n’avez rien ce que je ne vous souhaite pas quelle solution de repli. Mais tu est tellement douée et débrouillarde que vous allez trouvez. Je croise les doigts. Bon courage et pleins de bisous à vous 3

  3. C’est vrai que les prix ne laissent pas trop de choix ! A moins de tomber sur l’affaire à ne pas rater, ce qui doit être extrêmement rare vu le nombre de candidats pour quelques appartements en centre ville ! Bon courage dans vos recherches et pleins d bisous à vous trois ! A bientôt ! ☺️

  4. Oh – my – god! C’est quoi ces prix de fou!!!!!😨
    J’espère que vous trouverez un « home sweet home » prochainement. On croise les doigts très fort 😉

    Côté gâteau licorne, c’est pour l’anniversaire des filles… en septembre ! Ça me laisse un peu de temps pour tester mes capacités à faire un gâteau qui ressemble à une licorne ! Promis, je vous enverrai une photo du test quand je me lancerai dans cette aventure culinaire 😉😄
    Avec un peu d’avance, bon week-end à tous les 3 😙

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