6 mois plus tard – La planète France

Voilà, cela fait 6 mois que nous sommes rentrés. Il s’en est passé des choses. Nous avons vécu ce que l’on appelle « l’impatriation » : la réadaptation à notre propre pays. On s’est lancés à corps perdus dans les démarches afin de réouvrir nos droits sociaux (chose que l’on avait pas connu depuis 2 ans et nous pouvons vous dire que cela fait plaisir), ouvrir un compte en banque… Il a fallu se réapproprier l’espace et le temps. Les routes sont plus petites, les codes sont différents, il fallu refaire confiance (non, ici, on ne nous propose pas de visiter le centre aéré, la cantine et l’école et de rencontrer le staff pour savoir où sera la petite et par qui elle sera gardée). On avait oublié tout un tas de petites choses, des expressions, des façons de faire qui nous ont donné pour un temps l’impression d’être sur une autre planète, la planète France : les gens qui fument, le risque fort de marcher sur un caca de chien dans l’herbe, les cartes « sans contact », la bise, les gens qui n’attendent pas pour monter dans le bus, les soirées jusqu’à pas d’heure, la « bonne franquette », l’accueil souvent froid dans les commerces, s’arrêter au feu et pas 20m avant, les gens qui ne laissent pas passer aux feux rouges ou qui se ruent dans le rond point bouché au point de congestionner tout un carrefour… Il y a des choses qui nous heurtent. Bizarre non ? On est partis que 2 ans finalement. Il faut croire que l’on s’habitue vite à autre chose. On a fait comme un ami nous l’a recommandé : « débranchez. Ne vous posez pas de questions et laissez vous porter ». Alors on est devenus des spectateurs dans notre propre pays. On se laisse porter et on regarde.

Et puis en même temps, on réapprend à faire plaisir à notre palais : un éclair au chocolat, de la vraie baguette, du vrai fromage, une tartelette à la fraise, un bo-bun. On redécouvre la mode française aussi et cela fait plaisir.

Dès août, on a développé le sentiment d’être entre deux pays : on est heureux de retrouver la famille, les amis ici, d’être attendus. Mais on a de nouveau les yeux rougis d’avoir laissé une autre vie là-bas, des amis, des habitudes, une indépendance…

Alors on s’est lancés sur d’autres projets : on a acheté une maison pour offrir aux filles un toit, une maison de famille qui sera toujours à elles. Une référence, un point vers lequel on reviendra toujours. Oui parce que l’on pense déjà à d’autres virées, plus ou moins loin et plus ou moins longues. On pense déjà à repartir bien sûr (évidemment). On sait que notre retour en France est temporaire. Et quoi que l’on fasse, on sait très bien que l’on ne restera pas en place très longtemps.

Nous avons vécu 6 mois de plus sans nos affaires ici en France. Toute notre vie, nos confettis de souvenirs, des morceaux de nous, enfermés presqu’hermétiquement dans nos 5 malles. On a pu déballer 2 ou 3 choses bien sûr mais le reste est resté bien au chaud. Les choses n’ont pas été toujours simples pour ce retour. Je me rends compte que j’ai idéalisé largement ce retour en France, certainement face aux difficultés parfois rencontrées là-bas à San Francisco. Le retour n’a pas été un chemin pavé de roses : pas de chez soi, pas toutes nos affaires, pas vraiment d’identité, un bras de fer sans fin avec les organismes français pour recouvrer nos droits. La coupure avec notre vie californienne a été nette et brutale. C’est comme si nos deux années étaient restées enfermées dans les malles. Et cette coupure n’a pas été simple. On a finalement eu l’impression d’être en transit pendant plusieurs mois : du moment où on a quitté notre petit chez nous au 142 sur Filbert, au moment où nous nous sommes installés au fond de notre petite impasse, face à l’église, entourés des champs. Pendant un temps, notre retour n’a pas fait sens pour nous. Il y avait bien sûr les amis, la famille mais… Tout le monde a continué sa vie et la Planète France a continué à tourner sans nous (et heureusement). On s’en est posé des questions. Une, puis deux, puis mille. Pourquoi n’est-on pas restés une année de plus ? Rassurés par cet amour familial inconditionnel, leur accueil chaleureux et par le fait qu’ils sont « toujours bien là », on se prend déjà à rêver à d’autres destinations. Tout empêtrés dans la rentrée, on a pris en marche le train grande vitesse des mois de Septembre, Octobre et Novembre. On a pas vu grand monde, on a vu défiler les semaines, les galères, les rendez-vous, les premières maladies (la gastro ne nous avait pas manqué). Où est passé ce rythme si bien rodé que nous avions installé dès août 2017 ? Les semaines bien remplies, les visites chaque week-end, le blog, les coups de fil en France… Tout cela nous manque.

On n’est pas restés les bras croisés pour autant. On travaille à maintenir cette culture américaine dont Louise s’est imprégnée depuis 2 ans. De longues conversations en anglais tous les jours, des lectures américaines le soir, la préparation d’Halloween, la préparation de Thanksgiving, les petites visites à droite à gauche (Paris, la Normandie, les amis) et puis… les travaux dans la maison. On est allés chercher des citrouilles en octobre dans les champs, qu’on « carve » patiemment en décorant les fenêtres avec des monstres, on a mangé de la dinde à Thanksgiving avec gravy et cranberry sauce homemade par mes soins, on a porté nos pulls de Noël moches (l’occasion de se rendre compte que de nombreux us et coutumes américains prennent pied sur le sol français) et on a fait du « cookie icing » pour Noël comme là-bas.

Ca y est, on est chez nous. Le grand moment arrive enfin : l’ouverture de nos malles. C’est un peu le retour à San Francisco que nous vivons. Les photos, les souvenirs, les cadeaux, les choses du quotidien que nous avions l’habitude d’utiliser. Les cups prennent le chemin de la cuisine, les posters du Kilauea s’affichent fièrement sur les murs, on placarde nos cartes des grands parcs américains visités dans un coin, on ressort notre Star spangled banner, les livres de recettes américaines (si si). Et on se prend à rêver déjà de cet ailleurs qui nous a façonné, nous a donné une 2ème petite fille et des souvenirs pour toute une vie. On se prend déjà à rêver. Nos billets d’avion déjà en poche.

Photo-finish – Chez nous (mais sans meubles) – 15 février

A bientôt pour de nouvelles aventures cette fois-ci en terre volcanique.

C, G, L&L

8 thoughts on “6 mois plus tard – La planète France

  1. Félicitations pour l’achat de la maison, c’est aussi une sacrée aventure 😁
    Plein de bisous et au plaisir de vous recevoir un jour ici 😘

    1. Le manque de civisme, probablement plus visible dans les grandes agglomérations.
      Beaucoup de priorités à redéfinir , à enseigner, à cultiver…
      Cette manie de toujours critiquer, de n’être jamais satisfait, à commencer par la météo, est aussi un trait de caractère très français. ..Attention à ne pas redevenir trop vite de ces gens d’ici ….😉
      Outre les éclairs au chocolat, que peut on trouver de bien dans ce vieux pays de France?
      Des coins magnifiques, tous ces témoignages des siècles passés, qui ont fait notre histoire, et ce que nous sommes aujourdhui. ..
      Mais bon, le monde est bien trop vaste pour s’arrêter trop longtemps au même endroit!,

  2. Oh oui ! La nouvelle saison commence 😀

    Ah et bienvenue en France ! C’est peut-être plus campagnard mais on a du pinard !

  3. Désolée jai tardé a lire ton blog de retour sur le territoire…. Mais lors de ta visite tu nous avais déjà bien briefer . Courage pour votre installation c’est du boulot on le sait. A très vite gros bisous à vous 4.

  4. Enfin chez vous ! Comme j’ai hâte de découvrir votre nid. Ton récit fait forcément écho. Plus que 6 mois et ça sera notre tour. Ca ne sera pas un retour, mais un nouveau départ. On revient forcément différent de ces expériences hors normes 😉 vivement que l’on partage tout ça ensemble et créer de nouvelles tranches de vie. Bisous à vous 4

  5. Février !!! Oh la la la… Mais je suis totalement à la bourre ! 🙃🙂
    C’est un peu par hasard que j’ai vu ces nouveaux articles (celui là et celui sur Louise, l’exploratrice) en voulant revoir qq photos de votre expatriation. Après cette période de confinement, ça fait du bien de voir qq photos de l’autre bout du monde ! 🌏🌎🌍
    Bref, j’ai versé ma petite larme en te lisant… Toujours aussi bien écrit et on comprend aisément vos sentiments après 6 mois passés chez les gaulois, la réadaptation, toussa toussa…
    C’est vraiment chouette ce petit pied à terre, ce point de repère. Un cocon pour vous, pour elles 🤗 Les filles vous ont aidé pour la déco ? 😉
    Bon là, les vacances d’été arrivent à grands pas (je suis vraiment à la bourre !!!). On va vous retrouver sur la route ?
    En attendant, plein de bisous à tous les 4 😘😘😘😘

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